samedi 23 mars 2013

Monet & Boudin ?!





Ce n'était pas Monet, c'était Boudin!







Crédits photo : Henri BRAUNER/ Musée Eugène Boudin

 Par, Eric Bietry-Rivierre 


Au Musée Jacquemart-André, un tableau portant la signature du maître impressionniste vient d'être réattribué à son précurseur normand.


 Honfleur, le clocher Sainte-Catherine  porte la marque incontestable du style rectiligne de Boudin.
Honfleur, le clocher Sainte-Catherineporte la marque incontestable du style rectiligne de Boudin. Crédits photo :


L'exposition que le Musée Jacquemart-André s'apprête à consacrer à Eugène Boudin réserve une surprise de taille. LeClocher Sainte-Catherine (vers 1867) du Musée de Honfleur, depuis toujours attribué àClaude Monet, est désormais jugé de la main de ce peintre pré­curseur de l'impressionnisme. La confrontation avec un tableau «frère» venu du Musée d'art de l'université du Michigan lève tout doute.
Avec plus d'une soixantaine de peintures, d'aquarelles et de pastels, dont 34 n'ayant jamais été présentés en France, la rétrospective qui ouvrira le 23 mars fait donc déjà date. À Paris, la dernière consacrée à Boudin, cet artiste admiré par Baudelaire et sacré «roi des ciels» par Corot, remonte à 1899.
             «Je dois tout à Boudin»
À la fin de sa vie, Monet écrivait: «Je considère Eugène Boudin comme mon maître (…). J'en étais arrivé à être fasciné par ses pochades, filles de ce que j'appelle l'instantanéité (…). Je dois tout à Boudin et je lui suis reconnaissant de ma réussite.» Belle honnêteté. Le Clocher Sainte-Catherine n'est pas signé mais estampillé «Claude Monet» au bas de l'huile. «L'œuvre a été donnée au Musée de Honfleur par Michel, le second fils de Claude Monet, mort en 1966. C'est lui qui l'avait découverte à Giverny, bien après la mort de son père», précise le commissaire de l'exposition, Laurent Manœuvre. Il a pu l'estampiller en toute bonne foi.
Pour Manœuvre, principal connaisseur du fonds d'atelier du Havrais né à Honfleur (conservé au Louvre, il compte plus de 6 400 feuilles!), la réattribution s'impose pour des raisons stylistiques. «On reconnaît la technique nerveuse et rectiligne de Boudin dans les années 1890, alors qu'au même moment son jeune confrère Monet déformait et faisait onduler ses architectures», dit-il.
Lointain héritier du Lorrain, de Watteau et de Joseph Vernet, Boudin, maître des scènes de plage sans sujet ou anecdote, excellait dans les scènes extérieures composées sur le vif. Il avait déjà l'idée que les ombres n'étaient pas noires mais lumineuses. Peut-être parce qu'il avait suivi l'appel du plein air lancé par les peintres de Barbizon, et qu'il s'était initié à la photographie balbutiante à la même époque que Gustave Le Gray cherchait à fixer le fugitif du paysage. Son atmosphère… son impression…













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