samedi 16 mars 2013

L'enfant à la colombe de Picasso. Pour des horizons plus fortunés.



Picasso: l'enfant chéri des Anglais sur le départ





<i>L'enfant à la colombe</i> de Picasso exposé au Musée d'Art Moderne d'Édimbourg, en août 2012.
L'enfant à la colombe de Picasso exposé au Musée d'Art Moderne d'Édimbourg, en août 2012. Crédits photo : © David Moir / Reuters/REUTERS

Par, Valérie Duponchelle

Malgré une grande souscription nationale lancée l'été dernier en Grande-Bretagne, L'Enfant à la colombe, mis en vente, n'a pas réussi à mobiliser les mécènes et devrait partir pour des horizons plus fortunés.


L'Enfant à la colombe de señor Picasso est un tableau anglais depuis bien longtemps. En 1928, il entre dans la collection de Samuel Courtauld à ­Londres. Ce grand amateur et mé­cène, dont le legs a permis d'établir le Courtauld Institute of Art en 1932, a donné son nom à cette adresse de l'art sur le Strand, à l'écart de toute mode et de toute invasion contemporaine. The Dowager Lady Aberconway l'acquiert en 1947 et ses descendants l'ont déposé depuis trente ans aux bons soins de la Courtauld Gallery. Autant dire que cet enfant fragile comme une colombe, ce contraste suave de verts sourds et de bleus teintés de gris et de prune, cette confrontation de la délicatesse innocente et de la brutalité de la touche, ce trait noir qui marque la taille de la fillette et coupe le tableau en deux, tout cela compose un summum mélancolique qui fait de ce moyen format (73 × 54 cm) un des Picasso les plus populaires.
Barnaby Wright, commissaire de l'exposition Becoming Picasso , belle et érudite, le contemple avec émotion et un rien d'incrédulité. «C'est l'un des quatre piliers de la ­période bleue avec l'Arlequin assis du Met, l'Arlequin et sa compagnede Moscou et La Buveuse d'absinthe de l'Ermitage», soupire-t-il. Malgré la grande souscription nationale lancée l'été dernier en Grande-Bretagne, ce tableau précurseur, car aussi sculptural que peint, ne devrait pas rester dans l'île. Et donc partir pour des horizons plus fortunés dans le strict nouveau monde de l'offre et de la demande.

             L'ambition culturelle du Qatar

«La Russie, Dubaï…», nous énumère Barnaby Wright, peu passionné par le marché de l'art. Il est plus disert sur les rapports de l'icône bleue avec La Mère et l'Enfant, rude tableau de 1901 qui incarne la pauvreté même au cœur de la ville et dont Picasso a repris un seul motif et l'a agrandi. L'Enfant à la colombe, mis en vente par les Aberconway, famille galloise anoblie depuis le roi George V, n'a pas réussi à mobiliser les mécènes jusqu'à hauteur de 50 millions de livres (63,7 millions d'euros), estimation établie par la maison de ventes Christie's.
D'après nos informations, il s'agirait plutôt du Qatar, dont on connaît désormais la puissance financière et l'ambition culturelle à travers ses nouveaux musées, le Musée d'art islamique, dessiné par Pei et Wilmotte, et le Mathaf, consacré à l'art moderne et contemporain le plus extraordinaire (des bateaux et des dessins à la poudre de l'artiste chinois Cai Guo-Qiang au phare d'acier de Richard Serra).
Jusqu'au 26 mai, L'Enfant à la colombe restera accroché sur les cimaises de laCourtauld Gallery. L'interdiction d'exportation décidée par l'Arts Council, établissement public de financement de la culture, n'est valable que jusqu'en juin. Après cela, tout est possible. Et d'avis britannique très informé, les jeux sont déjà faits.










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