samedi 6 juillet 2013

La Havane, Le Musée des Beaux-Arts






Un musée national, classique et contemporain









L’ensemble architectural qui compose le Musée national des Beaux-Arts occupe plusieurs bâtiments dans le centre historique de La Havane où est conservé un patrimoine exceptionnel. Une visite indispensable pour les amateurs d’art qui souhaitent découvrir les merveilles de l’art cubain et de l’art universel.
Le Palais des Beaux-Arts proprement dit – édifié en 1954 par les architectes Govantes et Cabarrocas qui ont réhabilité le vieux Marché du Polvorin – est devenu un musée admirablement situé au cœur de la ville : le pâté de maisons délimité par les rues Animas, Zulueta, Trocadero et Monserrate), où est exposée la collection d’Art cubain.
Le musée est accueilli dans deux autres bâtiments : un édifice majestueux qui expose la Collection d’Art universel, dans l’ancien Centre asturien de La Havane, près du Parc central, et l’ancienne Caserne de la Milice, datant du 18e siècle (rue Empedrado et Monserrate), un musée appelé aujourd’hui Antonio Rodriguez Morey, conçu pour des expositions transitoires et socio-administratives.
Ce musée a été installé dans trois espaces différents afin de pouvoir mettre à disposition du public son immense collection d’oeuvres d’art, évaluée à environ six ou sept millions de dollars, même si ses responsables se montrent réticents à parler de chiffres quand il s’agit de l’incomparable qualité de leur fonds.
Les Beaux-Arts, comme on l’appelle familièrement, conserve plus de 50 000 pièces dans les deux édifices qui offrent une vision complète des œuvres les plus remarquables de la peinture cubaine et d’autres cultures. Sa collection permanente a été enrichie grâce à la générosité de nombreuses institutions religieuses, culturelles, de collectionneurs privés, d’artistes et d’organismes de l’État cubain. Environ 40% de ce fonds est exposé. Quant aux autres œuvres elles sont présentées au public à l’occasion d’expositions temporaires.
Dans le panorama culturel cubain, la célébration du centenaire du musée des Beaux-Arts est un des événements les plus importants, à tel point qu’elle a été incluse par l’UNESCO parmi les dates marquantes de l’année 2013.
Le Musée national a été inauguré le 28 avril 1913. Ce même jour, ont débuté les festivités du centenaire qui, selon la directrice du musée, Moraima Clavijo, se poursuivront tout au long de l’année, avec un moment spécial le 18 mai à l’occasion de la Journée internationale des Musées, célébrée à Cuba depuis qu’elle a été instaurée par le Conseil international des musées, en 1977.
Depuis sa fondation, le Musée national a eu plusieurs sièges, souvent temporaires. Il a d’abord été installé de façon précaire dans la rue Lucena. C’était alors un musée mixte, historique, ethnographique, archéologique, et des beaux-arts. Son premier directeur fut Emilio Heredia y Mora (La Havane 1872-1917), un descendant du poète cubain José Maria Heredia.
Peu de temps après, il fut transféré à la Quinta Toca sur la Promenade Carlos III. En 1918, le peintre paysagiste Antonio Rodriguez Morey (Cadix 1872-1917) en fut nommé directeur.
Rodriguez Morey fut directeur jusqu’à sa mort. À son propos, la critique et historienne d’art Adelaide de Juan a dit : « Si aujourd’hui nous disposons d’un musée, nous le devons en grande partie à son exemple et à sa persévérance, car ce musée a représenté une partie essentielle de sa vie et il l’a défendu contre vents et marées. »
En 1924, le musée fut transféré rue Aguiar, également appelée Habana Vieja, où il est resté pendant 30 ans, jusqu’à la construction de l’édifice appelé Palais des Beaux-Arts, en 1954.
Les deux premières expositions pour le centenaire sont ouvertes à l’Édifice d’Art universel. En conférence de presse, Moraima Clavijo a expliqué que le projet d’expositions du centenaire a été conçu pour donner « une certaine vision historique résumant tout ce qui s’est passé au musée pendant ces cent ans ».
L’exposition Le Musée national de Cuba. Origines de la Collection montre des pièces de la collection d’origine, qui comptait environ 2 500 objets : des œuvres de la section Art (peintures cubaines, européennes et latino-américaines, des chalcographies européennes et une série de pièces variées d’art décoratif), des objets historiques (ayant appartenus ou étant associés à des personnalités du XIXe siècle cubain, comme le masque mortuaire du général Maximo Gomez ou le portrait de José Maria de Heredia, d’un auteur anonyme, ainsi que des pièces ethnologiques, un tambour liturgique étudié par l’anthropologue Fernando Ortiz.
La deuxième exposition, intitulée Repères. Croissance de la Collection d’art au Musée national de 1913 à 1963, est plus réduite : elle indique les grands moments de formation de la vaste collection des Beaux-Arts, et rend hommage aux personnes qui ont contribué à l’existence de l’actuel trésor.
Cette exposition concerne principalement trois périodes importantes : les prêts (1913 et 1927) de l’École de peinture de San Alejandro d’œuvres de sa Galerie didactique, créée au milieu du XIXe siècle, à partir d’une série de peintures à l’huile, acquises en 1841 par Pedro Alcantara, prince de Anglona, qui fut Capitaine général de Cuba de 1840 à 1851.
La deuxième période marqua une importante acquisition réalisée par le gouvernement d’Alfredo Zayas en 1925 auprès du collectionneur italien Salvatore Buffardi, qui inclut 43 peintures italiennes, françaises, hollandaises, ainsi que la première œuvre de l’École britannique acquise par le musée.
Et enfin, la donation faite par le fils de la marquise de Pinar del Rio en 1954, appelée L’héritage Carvajal : une ensemble de 77 peintures, principalement espagnoles, mais aussi italiennes, françaises, hollandaises et cubaines, avec notamment des tableaux d’Esteban Chartrand et Victor Patricio Landaluze.
Les fonds des Beaux-Arts ont augmenté grâce à des dons, des dépôts et des héritages. Signalons la Collection d’Art de l’Antiquité, un don du Dr Joaquin Guma (La Havane 1906-1980), comte de Lagunillas, exposée aujourd’hui au musée.
À partir de 1959, la polyvalence du musée fut abandonnée avec la décision de ne conserver que les pièces concernant les beaux-arts, les autres pièces devant être reparties dans d’autres sièges, selon leur style, ce qui favorisa la création de plusieurs musées, comme le Musée Napoléonien (Collection Julio Lobo), aujourd’hui un des quatre musées sur ce thème existant dans le monde ; le Musée des Arts Décoratifs (extraordinaire collection de la comtesse de Revilla Camargo) ; le Musée de la Musique ainsi que le Musée de l’Art Colonial, pour n’en citer que quelques uns.
Le Palais fut à juste titre réservé aux beaux arts, consacré alors aux collections de peinture, sculpture, dessin et gravure de Cuba et du monde, auxquelles ont été ajoutés les installations, les photographies, les affiches, les illustrations ainsi que les techniques contemporaines les plus novatrices.
Au début du nouveau millénaire, le Musée national a acquit un nouveau siège, l’ancien Centre asturien de La Havane, consacré à la collection d’Art universel.



















LES TRÉSORS DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS
Bien qu’au musée des Beaux-arts, l’on se refuse à hiérarchiser, l’on se doit de mentionner des œuvres qu’on ne saurait manquer d’admirer dans la Collection Art cubain de l’époque coloniale, comme La Famille Manrique de Lara, une pièce attribuée à Vermay, ainsi que les œuvre du paysagiste Esteban Chartrand, et de Victor Patricio Landaluce, illustrateur de la vie quotidienne.
Il est impératif également d’apprécier La gitane tropicale, de Victor Manuel, et deux tableaux de Wifredo Lam, Le troisième monde et La Chaise, pour parvenir, et c’est un des mérites de ce Musée, aux trois décennies de la fin du XXe siècle, une plastique explosive aux poétiques nouvelles, avec des noms comme Fabelo, Proenza, Mendive, Tomas Sanchez, Bedia, Moisés Finalé et Kcho.
En Art universel, se trouve l’importante Collection Lagunilla, avec des pièces de l’Antiquité, comme la magnifique Amphore panaténaïque ou l’imposante Tête d’Alexandre le Grand, une pièce du catalogue international, de l’art égyptien ; la Tête de la statue d’Amon, en basalte noir, dont le corps se trouve au musée du Louvre ; le Papyrus Hood ou Livre des Morts de Bakenwerel, découvert à Louxor, acquis par le comte de Lagunillas en 1949, et dans la collection d’œuvres romaines, les neuf portraits du Fayoum, peints sur tablette de bois.
À voir également dans les ensembles, les portraits britanniques du XVIIe au XIXe siècle, avec une collection de portraitistes, notamment Joshua Reynolds, reconnue internationalement ; les salles d’Art italien, avec des pièces du XVIe siècle au XIXe siècle (Bassano, Canaletto avec une de ses vues de Londres, dont la moitié gauche se trouve dans cette ville). La Collection française brille également avec un Courbet, un Delacroix, une pièce d’Ingres, d’Allemagne est exposé un Cranach, de Hollande et de Flandres, des pièces attribuées à l’atelier de Rembrandt.
L’Espagne est sans doute la mieux représentée avec des œuvres de Joaquin Sorolla, mais aussi des pièces de l’École du Greco, de Zurbaran et de Murillo.
La question lorsque l’on visite de grands musées ou des galeries dont le fonds est d’une incalculable valeur pour l’art universel, c’est de décider ce que l’on va voir impérativement. Les catalogues ne sont que des incitations.
Quels seraient pour vous les trésors du musée national des Beaux-Arts de La Havane? Les festivités du centenaire semblent être le moment de parcourir ses salles… et de décider.




























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