lundi 29 juillet 2013

Cassis, havre de peinture




Monticelli, Garibaldi, Manguin, Ziem, Picabia : 200 peintres ont cristallisé le petit port provençal entre 1845 et 1945. Morceaux choisis au musée Regards de Provence, à Marseille, jusqu'au 6 octobre.

Le triomphe de Cassis vient de Mistral: «Qu'a vist Paris e noun Cassis a ren vist» («Qui a vu Paris et pas Cassis, n'a rien vu»), a écrit le poète provençal dans Calendal, en 1887. Ses vers sont devenus la maxime de l'office de tourisme qui trône au cœur du petit port du village, à quelques criques de Marseille. Sa population bondit de 8000 âmes l'hiver à 35.000 l'été. Mais ce spot du tourisme balnéaire fut aussi, durant un siècle, le havre de la peinture provençale, plus que Collioure et l'Estaque. C'est ce que l'on découvre au musée de la Fondation Regards de Provence, à Marseille, dans une exposition organisée à l'occasion de l'année Capitale de la culture 2013: Cassis, port de la peinture, au tournant de la modernité, 1845-1945 . «Cassis est l'un des lieux privilégiés où s'est inventée la modernité picturale et où ont afflué des peintres de tous horizons», affirme Adeline Granereau, directrice adjointe du musée fondé par son père, Pierre Dumon.
Vertige du cap Canaille dont les rousses falaises plongent dans la mer d'huile aux reflets diamantés. Intimité du port peuplé de barques indolentes.Pittoresque du village aux façades d'ocre léchées par le soleil et baigné de tous les bleus du ciel et de la mer. Captivés par ses cadences, ses couleurs, sa lumière insolente, plus de deux cents peintres, entre 1845 à 1945, ont confronté leur art à ce paysage. «À Cassis, les peintres en été sont plus nombreux que des sauterelles», écrira Marcel Sauvage en 1926. Ses mots sont rappelés par l'historien de l'art Pierre Murat, dans un beau texte destiné à composer le préambule du catalogue en cours (il doit paraître fin juillet) de l'exposition.
Soixante-quinze toiles s'exposent au rez-de-chaussée du musée Regards de Provence. Seulement 5 % proviennent de la vaste collection de 900 œuvres d'art régional de la famille Dumon. Le reste provient d'autres collections particulières, mais aussi de musées, dont celui des Beaux-Arts à Nancy pour des tableaux d'Henri Manguin (1874-1949), du musée Ziem à Martigues, ou encore de la galerie Marina et de la fondation Camargo, à Cassis. C'est une promenade picturale réjouissante et intimiste, avec Courdouan, Ponson, Olive, Crémieux, Garibaldi, mais aussi Friesz, Picabia, Camoin, Manguin, et encore Monticelli, Verdihan, Audibert, Seyssaud .
«Nous avons voulu mettre en regard les peintres provençaux de l'école marseillaise, les apports révolutionnaires des cubistes et des fauves séjournant à Cassis, les novateurs locaux et des artistes étrangers, écossais et américains qui, des années folles jusqu'à la guerre, y ont puisé leur inspiration et ont répandu la réputation de Cassis», souligne Adeline Granereau. Sous leur spinceaux, Cassis rompt la monotonie grandiose de son panorama de carte postale. «Alangui par Garibaldi, éclaboussé d'or par Monticelli, recomposé par Ponson, soulevé par Olive, dramatisé par Seyssaud, ou rendu à son quotidien par Méheut, Cassis voit sa géométrie fluctuer au gré des styles», écrit Pierre Murat. L epaysage est toujours là, les bateaux aussi, qui promènent le stouristes plus que les pêcheurs. Il faut aller voir cette exposition sur Cassis avant de prendre la Gineste, la route serpentine à travers la garrigue entre Marseille et Cassis, ou au retour, pour y confronter son propre regard.
Jusqu'au 6 octobre. Tlj de 10h à 18h, jusqu'à 21 h le vendredi. Tel.: 04 96 17 40 40 etwww.museeregardsdeprovence.com







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