mercredi 31 juillet 2013
lundi 29 juillet 2013
La villa Noailles est un lieu à part.
L'avant-garde s'affiche à la villa Noailles
Cet été, à Hyères, la création de mobilier moderne occupe toutes les salles de ce trésor d'architecture signé Mallet-Stevens.
- Par, Sophie De Santis
La villa Noailles est un lieu à part. Construite en 1925 par Robert Mallet-Stevens à flanc de colline, dominant la baie d'Hyères (Var), cette maison symbolise un art de vivre où le corps et la nature sont privilégiés. Après une longue période de restauration, la villa est aujourd'hui un Centre d'arts complet (mode, photographie, design) où l'on perpétue cette tradition de la découverte que le couple des Noailles, grands collectionneurs et mécènes, avait initiée.
Comme autrefois, il flotte un parfum d'effervescence et de modernité sur les expositions et le concours de jeunes créateurs. Tout l'été (jusqu'au 29 septembre), Design Parade 8, le 8e Festival international de design, est l'occasion de rencontres avec la relève dans le domaine de la création de mobilier. Dans le dédale des anciens salons et chambres à coucher, de la piscine - désormais couverte d'un plateau transparent - et de l'ancienne salle de squash, l'esprit de nouveauté éveille la curiosité.
Des talents en herbe
Après les personnalités de prestige, Eileen Gray, Pierre Chareau ou Francis Jourdain, qui ont séjourné ici et même créé des pièces pour la villa, les talents en herbe tentent à leur tour d'inventer le style des années 2000 et si possible de laisser une trace. Dans le foisonnant calendrier élaboré par Jean-Pierre Blanc, directeur de la villa Noailles, le design prend une place de choix depuis sept ans.
En ouvrant la visite par le rez-de-jardin, on découvre les dix finalistes du concours, dont les dossiers ont été scrupuleusement épluchés par un jury - composé notamment du designer Bertjan Pot et de Laurent Le Bon, directeur du Centre Pompidou Metz - qui a récompensé Mathieu Peyroulet Ghilini. Le prix du design du conseil général du Var revient à Laureline Galliot pour ses expérimentations sur l'impression en 3D et son étonnant talent de coloriste. Par ailleurs, la lauréate de 2012, Julie Richoz, expose des pièces réalisées en collaboration avec la Manufacture de Sèvres et d'élégants vases en pâte de verre fabriqués avec le Cirva (Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques) de Marseille et une lampe produite par la galerie parisienne Kreo. L'occasion de montrer que le festival d'Hyères inscrit ses poulains «dans un travail de continuité».
Au fil de la visite dans les étages, après les «bijoux» massifs d'India Mahdavi et les céramiques graciles d'Aldo Bakker, on goûte au plaisir de découvrir les deux salles aménagées par Bertjan Pot. Le facétieux Néerlandais propose ses Tricks & Flicks (sorte de farces et attrapes), dans un décor entre fête foraine et atelier, où se trame un jeu de masques cousus de sa main et des luminaires.
Enfin, les amateurs de design historique sont comblés avec la rétrospective de Marcel Breuer, auteur dans les années 1930 d'une série de chaises tubulaires (les fameuses B3 et B9), dont certaines ont meublé la villa.
En attendant de pouvoir tisser des liens avec la très attendue Fondation Carmignac sur l'île de Porquerolles (dont l'ouverture est prévue en 2015), la villa Noailles tient son rôle de vigie sur la Méditerranée, toujours à l'avant-garde.
Design Parade 8, à la villa Noailles jusqu'au 29 septembre. www.villanoailles-hyeres.com
Joan Miro, l'«Arlequin artificier» en Bretagne
La Fondation Leclerc accueille, tout l'été, à Landerneau, le peintre poète qui puisa dans son terroir une soif d'universel. Portrait d'un artiste qui bouscule les genres.
- Par, Valérie Duponchelle
«Plus je travaille, plus j'ai envie de travailler. Je voudrais m'essayer à la sculpture, à la poterie, à l'estampe, avoir une presse. M'essayer aussi à dépasser, dans la mesure du possible, la peinture de chevalet qui, à mon avis, se propose un but mesquin, et me rapprocher par la peinture des masses humaines auxquelles je n'ai jamais cessé de songer», proclame Joan Miro, en 1938.
C'est cet homme volontairement libre, cet artiste aguerri qui bouscule tous les genres, innove et cherche sans cesse, peint sur cuir ou toile épaisse, brûle ses tableaux pour se servir des trous comme motifs, bref cet «Arlequin artificier» que la Fondation Leclerc convie pour la première fois en Bretagne.
Bretagne et Catalogne, même combat? Né à Barcelone, au printemps 1893, et mort à Palma de Majorque, le lendemain de Noël 1983, Miro le Catalan a bien quelques correspondances terriennes avec ce Finistère fier de son granit et de sa langue, de sa résistance et de sa singularité. Michel-Edouard Leclerc, MEL pour les intimes et les suiveurs de son blog, s'est fait un plaisir d'adjoindre le breton et le catalan au français et à l'anglais de rigueur dans les cartels. C'est un gène fort que celui des Celtes: depuis l'inauguration de son Palazzo Grassi en 2006, François Pinault, qui vient pourtant lui du pays gallo, ne manque pas d'accrocher le «Gwenn Ha Du», le drapeau blanc et noir symbole de la Bretagne, au sommet de son empire vénitien.
Maître oblige, Miro n'en est pas à sa première exposition majeure en France. En 2004, le Centre Pompidou éblouissait amateurs et érudits avec «Joan Miro, la naissance du monde», consacrée à la période 1917-1934 et à l'invention de son langage pictural. En 2011, le Musée Maillol mettait en parade tout l'œuvre sculpté de Miro dans une blancheur étincelante très méditerranéenne, derrière un jeu de stores qui invoquait l'ombre de l'après-midi majorquine.
Miro penseur, philosophe et poète
Aux Capucins de Landerneau, le propos est encore différent, plus humain, plus ouvert, plus œcuménique en quelque sorte. Comme pour Gérard Fromanger, le peintre-soleil qui a ouvert cette Fondation l'été dernier (25 000 visiteurs), et pour Yann Kersalé, le Breton, artiste de la lumière et de la nature qui lui a succédé (35 000 visiteurs), il s'agit de parler d'art comme si c'était la première fois.
Pour cette rude tâche, Miro le dandy toujours parfaitement peigné, même dans le feu de son atelier, n'est pas venu tout seul. Cet artiste aux yeux d'étoile est escorté spirituellement de trois générations de la famille Maeght, faiseurs d'art indissociables du XXe siècle à la Malraux. Adrien Maeght, le fils d'Aimé devenu désormais le patriarche, raconte bien et sans snobisme ce Miro qu'il rencontra à 17 ans. «L'homme était discret, modeste, il organisait son travail très minutieusement, se souvient-il. Chaque détail était pensé, réglé et pesé.» Et malicieux, comme le prouve l'atelier tout confort et tout neuf que Miro macula d'encre un soir, des murs au parquet, par «peur de faire des taches en travaillant!»
L'étroite collaboration du Catalan avec la Fondation Maeght se lit ici partout, des maquettes d'affiches aux maquettes en céramique du fameux Arc monumental de la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence. Arpenteur journalier de ce royaume sans pareil, son directeur Olivier Kaeppelin en est ici son grand ordonnateur. Homme de lettres, il connaît tout de ce peintre qui disait: «Ceci est la couleur de mon rêve». De toile en dessin, de bronze peint célébrissime (Jeune fille s'évadant, 1968) en bronze rude comme la pierre (Personnage et Oiseau, 1967), il a construit aux Capucins un parcours Miro peuplé de criques et de trésors comme un portulan génois.
Guidé par son lyrisme, le regard fait escale d'idée en idée, un Miro explorateur, un Miro artificier et danseur, un Miro constructeur d'objets mentaux, puis un Miro penseur, philosophe et poète, et enfin un Miro navigateur aérien (merveilleux Archipel sauvage). Comme en mer, on perd parfois son cap. Mais c'est toujours le bonheur à l'état pur.
Joan Miro, l'Arlequin artificier, Fondation Hélène & Edouard Leclerc aux Capucins, Landerneau (Finistère), jusqu'au 3 novembre.
Cassis, havre de peinture
Monticelli, Garibaldi, Manguin, Ziem, Picabia : 200 peintres ont cristallisé le petit port provençal entre 1845 et 1945. Morceaux choisis au musée Regards de Provence, à Marseille, jusqu'au 6 octobre.
- Par, Valérie Sasportas
Le triomphe de Cassis vient de Mistral: «Qu'a vist Paris e noun Cassis a ren vist» («Qui a vu Paris et pas Cassis, n'a rien vu»), a écrit le poète provençal dans Calendal, en 1887. Ses vers sont devenus la maxime de l'office de tourisme qui trône au cœur du petit port du village, à quelques criques de Marseille. Sa population bondit de 8000 âmes l'hiver à 35.000 l'été. Mais ce spot du tourisme balnéaire fut aussi, durant un siècle, le havre de la peinture provençale, plus que Collioure et l'Estaque. C'est ce que l'on découvre au musée de la Fondation Regards de Provence, à Marseille, dans une exposition organisée à l'occasion de l'année Capitale de la culture 2013: Cassis, port de la peinture, au tournant de la modernité, 1845-1945 . «Cassis est l'un des lieux privilégiés où s'est inventée la modernité picturale et où ont afflué des peintres de tous horizons», affirme Adeline Granereau, directrice adjointe du musée fondé par son père, Pierre Dumon.
Vertige du cap Canaille dont les rousses falaises plongent dans la mer d'huile aux reflets diamantés. Intimité du port peuplé de barques indolentes.Pittoresque du village aux façades d'ocre léchées par le soleil et baigné de tous les bleus du ciel et de la mer. Captivés par ses cadences, ses couleurs, sa lumière insolente, plus de deux cents peintres, entre 1845 à 1945, ont confronté leur art à ce paysage. «À Cassis, les peintres en été sont plus nombreux que des sauterelles», écrira Marcel Sauvage en 1926. Ses mots sont rappelés par l'historien de l'art Pierre Murat, dans un beau texte destiné à composer le préambule du catalogue en cours (il doit paraître fin juillet) de l'exposition.
Soixante-quinze toiles s'exposent au rez-de-chaussée du musée Regards de Provence. Seulement 5 % proviennent de la vaste collection de 900 œuvres d'art régional de la famille Dumon. Le reste provient d'autres collections particulières, mais aussi de musées, dont celui des Beaux-Arts à Nancy pour des tableaux d'Henri Manguin (1874-1949), du musée Ziem à Martigues, ou encore de la galerie Marina et de la fondation Camargo, à Cassis. C'est une promenade picturale réjouissante et intimiste, avec Courdouan, Ponson, Olive, Crémieux, Garibaldi, mais aussi Friesz, Picabia, Camoin, Manguin, et encore Monticelli, Verdihan, Audibert, Seyssaud .
«Nous avons voulu mettre en regard les peintres provençaux de l'école marseillaise, les apports révolutionnaires des cubistes et des fauves séjournant à Cassis, les novateurs locaux et des artistes étrangers, écossais et américains qui, des années folles jusqu'à la guerre, y ont puisé leur inspiration et ont répandu la réputation de Cassis», souligne Adeline Granereau. Sous leur spinceaux, Cassis rompt la monotonie grandiose de son panorama de carte postale. «Alangui par Garibaldi, éclaboussé d'or par Monticelli, recomposé par Ponson, soulevé par Olive, dramatisé par Seyssaud, ou rendu à son quotidien par Méheut, Cassis voit sa géométrie fluctuer au gré des styles», écrit Pierre Murat. L epaysage est toujours là, les bateaux aussi, qui promènent le stouristes plus que les pêcheurs. Il faut aller voir cette exposition sur Cassis avant de prendre la Gineste, la route serpentine à travers la garrigue entre Marseille et Cassis, ou au retour, pour y confronter son propre regard.
Jusqu'au 6 octobre. Tlj de 10h à 18h, jusqu'à 21 h le vendredi. Tel.: 04 96 17 40 40 etwww.museeregardsdeprovence.com
La collection Planque sont rassemblés à la chapelle des Pénitents.
Une chapelle pour Picasso et Gauguin
« Dubuffet a bien vu que je ne savais rien. Il m'a enseigné. Il m'a donné des clés pour savoir analyser une œuvre »
JEAN PLANQUEÀ Aix-en-Provence, quelques chefs-d'œuvre de la collection Planque sont rassemblés à la chapelle des Pénitents.
Longtemps la collection Planque a été sur le point de devenir le fleuron du Musée des beaux-arts de Lausanne. Celui-ci tardant à se construire, elle a finalement été déposée pour quinze ans au Musée Granet d'Aix-en-Provence en 2010 et aussitôt exposée à l'été 2011. Elle vient d'être accrochée sur 700 m2 dans la chapelle des Pénitents blancs aménagée pour la circonstance. Elle devrait y rester au moins jusqu'en 2025. Planque aurait été comblé par ce lieu dont la restauration exalte les voûtes croisées d'ogives, et de la proximité de la montagne Sainte-Victoire: il donnait à l'art une dimension mystique et vénérait Cézanne.
Dans la chapelle des Pénitents, à travers le hasard des rencontres, l'accrochage rend compte d'une page d'histoire de l'art sous-tendue par une recherche essentielle. Celle de Cézanne qui hantera Planque sa vie durant. Il guette les peintres et les œuvres pour qui le sujet, paysage ou portrait, ne compte plus «mais devient le siège d'une émotion recréée par les formes». Ainsi à leur manière, Manessier, Bazaine, de Stael, Hartung ou Riopelle qu'il amènera chez Beyeler et dans sa propre collection.
Au rez-de-chaussée, l'exposition s'ouvre par la figuration puis progresse vers le cubisme dont toutes les facettes sont présentées, puis Picasso en apothéose dans le chœur, avec laFemme au chat assise dans un fauteuil, pythie surprenante d'autorité et de mystère. Planque la tenait pour le clou de sa collection. Derrière elle, dans l'abside, se dévoile l'extrême douceur du Buste de femme endormie au crayon de couleur rose, Picasso a saisi Jacqueline endormie dans l'atelier. Elle y suivait l'artiste au travail, jour et nuit. La fatigue l'a surprise.
Chemin faisant, le regard se ménage des diagonales: l'une court du fusain d'une Tahitienne parGauguin à une huile montrant un torse de femme de profil par Pierre Bonnard. Mais il faut aussi se faire raconter la manière dont les toiles sont entrées dans la collection pour comprendre la force de Planque. Les deux Monet ont été offerts par son fils Michel. C'est Planque qui lui révèle la valeur des œuvres des Monet tardifs, celles de «l'homme malade à la vue déformée et qui aurait peut-être bien voulu qu'elles fussent détruites lors de la guerre quand un obus éclata dans l'atelier de Giverny». Il y a aussi un Van Gogh reconnu sous la crasse dans les WC d'un parfumeur de province, un Vallotton offert par Beyeler en reconnaissance, une Tour Eiffel de Delaunay offerte par Sonia en remerciement de ses efforts lors de la préparation de l'exposition consacrée à son mari chez Beyeler, un Bonnard qu'il refuse de céder parce que le nez du modèle lui semble suspect… L'œil toujours.
Deux mezzanines suivent, superposées sans couper l'élan de la chapelle, mais permettant au contraire au visiteur de l'éprouver davantage tant les voûtes portent la lumière et l'âme de cet édifice XVIIe. La première souligne le parcours de Planque dans l'abstraction. Klee, Tapiès, de Stael, Sam Francis, Vieira da Silva. La seconde expose la fascination et la longue amitié de Planque pour Dubuffet.
«Dubuffet a bien vu que je ne savais rien. Il m'a enseigné. Il m'a donné des clés pour savoir analyser une œuvre», dit Planque. Lui si réfléchi, posé, méticuleux, reste ébahi devant la fébrilité de Dubuffet. Il défend son œuvre auprès des marchands, des conservateurs et des collectionneurs étrangers et se rend dans l'atelier de la rue Vaugirard. Il y contemple les tableaux de son œil-laser et vérifie que «cela tient». Dubuffet ouvre à Planque ses domaines chéris de l'art brut. À côté de Louis Soutter ou d'Aloïs, Planque collectionne les œuvres joyeuses de Kosta Alex. Ainsi, The Girl from Southern Francedont, comme par prédestination, la bouche embrasse… la ville d'Aix-en-Provence.
Avant de travailler pour le marchand Ernst Beyeler de 1954 à 1972, Jean Planque s'était établi dans un mas à Puyloubier, près d'Aix, afin de prendre sur les lieux la leçon de Cézanne. Diverses toiles s'en suivront dont une qu'il conservera jusqu'à la fin de sa vie accrochée dans la pénombre de sa cuisine. Certains visiteurs la prenaient pour un Matisse et Planque souriait. Il avait accepté que sa relation à la peinture se joue ailleurs qu'au pinceau. Il avait un œil. «Le tableau s'impose à moi avec brutalité et je pressens. Je pressens le mystère, ce qui ne peut être dit ni à l'aide de la musique, ni à celle des mots. Immédiate préhension. Chose émotionnelle. Possession de tout mon être. Je suis en eux et eux en moi. Tableaux !», note-t-il dans ses cahiers.
Cet œil si sûr lui ouvre la porte de la galerie Beyeler, mais aussi l'intimité de nombreux artistes dont Picasso et Dubuffet. Sur les trois cents œuvres de sa collection, la moitié sont des chefs-d'œuvre. Non pas que Planque ait eu des moyens de magnat. Mais, protestant, économe, il a une parole si scrupuleusement honnête qu'il met dans le mille. Les œuvres qui lui plaisent, Planque trouve souvent un moyen de les obtenir, des marchands ou des clients en remerciement de transactions, ou bien des artistes eux-mêmes qui lui font des facilités.
«Je m'étonne toujours parce que j'ai tendance à refuser vos œuvres nouvelles», dit-il à Picasso ravi de découvrir en lui un visiteur d'une autre espèce que ceux «qui ne voient que dessus et non dedans le tableau».
Le Souverain pontife a surpris les Brésiliens par son attitude simple, humble et chaleureuse.
Le Pape Francisco coiffé d'une parure offerte par des Indiens de la tribu Pataxo, samedi, à Rio de Janeiro.
Le Souverain pontife a surpris les Brésiliens et le Monde par son attitude simple, humble et chaleureuse, tranchant avec la distance des évêques locaux.
ENCUENTRO CON LA CLASE DIRIGENTE DE BRASIL
DISCURSO DEL SANTO PADRE FRANCISCO
Teatro Municipal de Río de Janeiro
Sábado 27 de julio de 2013
Sábado 27 de julio de 2013
Excellences,
Mesdames et Messieurs, Bonjour !
Je rends grâce à Dieu pour l’opportunité qui m’est donnée de rencontrer une représentation si qualifiée de responsables politiques et diplomatiques, culturels et religieux, académiques et d’entrepreneurs, de cet immense Brésil.
Je voudrais vous parler dans votre belle langue portugaise, mais pour pouvoir mieux exprimer ce que je porte dans mon cœur, je préfère parler en espagnol. Je vous prie de m’en excuser !
Je vous salue tous cordialement et je vous exprime ma gratitude. Je remercie Monseigneur Orani et Monsieur Walmyr Júnior pour leurs aimables paroles de bienvenue, de présentation et de témoignage. Je vois en vous la mémoire et l’espérance : la mémoire du chemin et de la conscience de votre Patrie et l’espérance que, toujours ouverte à la lumière qui émane de l’Évangile , cette Patrie puisse continuer à se développer dans le plein respect des principes éthiques fondés sur la dignité transcendante de la personne.
Mémoire du passé et utopie vers l’avenir se rencontrent dans le présent, qui n’est pas une conjoncture sans histoire et sans promesse, mais un moment dans le temps, un défi pour recueillir la sagesse et savoir la projeter. Ceux qui, dans une Nation, ont un rôle de responsabilité, sont appelés à affronter l’avenir « avec le regard calme de celui qui sait voir la vérité », comme disait le penseur brésilien Alceu Amoroso Lima [‘Notre temps’, in : La vie surnaturelle et le monde moderne (Rio de Janeiro 1956), p. 106]. Je voudrais partager avec vous trois aspects de ce regard calme, serein et sage : d’abord, l’originalité d’une tradition culturelle ; ensuite, la responsabilité solidaire pour construire l’avenir ; et enfin le dialogue constructif pour affronter le présent.
1. Avant tout, c’est juste de valoriser l’originalité dynamique qui caractérise la culture brésilienne, avec son extraordinaire capacité d’intégrer des éléments divers. Le sentiment commun d’un peuple, les bases de sa pensée et de sa créativité, les principes fondamentaux de sa vie, les critères de jugement au sujet des priorités, des normes d’action, se fondent, se fondent et croissent sur une vision intégrale de la personne humaine.
Cette vision de l’homme et de la vie, comme elle est propre au peuple brésilien, a aussi reçu la sève de l’Évangile, la foi en Jésus Christ, en l’amour de Dieu et la fraternité avec le prochain. La richesse de cette sève peut féconder un processus culturel fidèle à l’identité brésilienne et, en même temps, un processus constructeur d’un avenir meilleur pour tous.
C’est un processus qui fait croître l’humanisation intégrale et la culture de la rencontre et de la relation c’est la façon chrétienne de promouvoir le bien commun, la joie de vivre. Et ici convergent foi et raison, la dimension religieuse avec les divers aspects de la culture humaine : art, science, travail, littérature… Le christianisme unit transcendance et incarnation ; par sa capacité de revitaliser toujours la pensée et la vie, face à la menace de la frustration et du désenchantement, qui peuvent envahir les cœurs et se répandent sur les routes.
2. Un deuxième élément que je voudrais aborder est la responsabilité sociale. Celle-ci demande un certain type de paradigme culturel et, en conséquence, de politique. Nous sommes responsables de la formation de nouvelles générations, chargés de les aider à être compétentes en économie et en politique, et fermes sur les valeurs éthiques. L’avenir exige aujourd’hui un travail de réhabilitation de la politique, réhabiliter la politique, qui est une des plus hautes formes de charité. L’avenir exige aussi une vision humaniste de l’économie et une politique qui réalise toujours plus et mieux la participation des gens, évite les élitismes et déracine la pauvreté. Que personne ne soit privé du nécessaire et que dignité, fraternité et solidarité soient assurées à tous : c’est la route proposée . Déjà au temps du prophète Amos l’avertissement de Dieu était très fréquent : « Ils vendent le juste à prix d’argent et le pauvre pour une paire de sandales… ils écrasent la tête des faibles sur la poussière de la terre et ils font dévier la route des humbles » (2, 6-7). Les cris qui demandent justice continuent aujourd’hui encore.
Celui qui a un rôle de guide, permettez-moi de le dire, celui que la vie a ‘oint’ comme guide, doit avoir des objectifs concrets et rechercher les moyens spécifiques pour les atteindre, mais aussi il peut y avoir le danger de la déception, de l’amertume, de l’indifférence, quand les aspirations ne se réalisent pas. Je fais appel à la dynamique de l’espérance qui nous pousse à aller toujours de l’avant, à employer toutes les énergies et les capacités en faveur des personnes pour lesquelles on agit, en acceptant les résultats et en créant des conditions pour découvrir de nouveaux parcours, en se donnant aussi sans voir de résultats, mais en maintenant vivante l’espérance, avec cette constance et ce courage qui naissent de l’acceptation de sa propre vocation de guide et de dirigeant.
C’est le propre du leadership que de choisir la plus juste des options après les avoir considérées en partant de sa propre responsabilité et de l’intérêt du bien commun ; par cette route, on va au cœur des maux de la société pour les vaincre aussi par l’audace d’actions courageuses et libres. Relève de notre responsabilité, bien que toujours limitée, cette compréhension de toute la réalité, en observant, soupesant, évaluant, pour prendre des décisions dans le moment présent, mais en élargissant le regard vers l’avenir, en réfléchissant sur les conséquences des décisions. Celui qui agit de manière responsable place sa propre action devant les droits des autres et devant le jugement de Dieu. Ce sens éthique apparaît aujourd’hui comme un défi historique sans précédents, nous devons le rechercher, nous devons l’insérer dans la même société. Au-delà de la rationalité scientifique et technique, dans la situation actuelle s’impose le lien moral avec une responsabilité sociale et profondément solidaire.
3. Pour compléter cette réflexion au-delà de l’humanisme intégral qui respecte la culture originelle et de la responsabilité solidaire, je considère comme fondamental pour affronter le présent : le dialogue constructif. Entre l’indifférence égoïste et la protestation violente il y a une option toujours possible : le dialogue. Le dialogue entre les générations, le dialogue dans le peuple, car tous nous sommes peuple, la capacité de donner et de recevoir, en demeurant ouverts à la vérité. Un pays grandit quand dialoguent de façon constructive ses diverses richesses culturelles : la culture populaire, la culture universitaire, la culture des jeunes, la culture artistique et technologique, la culture économique et la culture de la famille , et la culture des médias, quand ils dialoguent. Il est impossible d’imaginer un avenir pour la société sans une forte contribution d’énergies morales dans une démocratie reste fermée dans la pure logique ou dans un simple équilibre de représentation des intérêts constitués. Je considère aussi fondamentale dans ce dialogue la contribution des grandes traditions religieuses, qui exercent un rôle fécond de levain de la vie sociale et d’animation de la démocratie, est fondamentale. La laïcité de l’État, qui, sans assumer comme propre aucune position confessionnelle, mais respecte et valorise la présence de la dimension religieus e dans la société, en en favorisant ses expressions les plus concrètes, est favorable à la cohabitation entre les diverses religions.
Quand les leaders des divers secteurs me demandent un conseil, ma réponse est toujours la même : dialogue, dialogue, dialogue. L’unique façon de grandir pour une personne, une famille, une société, l’unique manière pour faire progresser la vie des peuples est la culture de la rencontre, une culture dans laquelle tous ont quelque chose de bon à donner et tous peuvent recevoir quelque chose de bon en échange. L’autre a toujours quelque chose à me donner, si nous savons nous approcher de lui avec une attitude ouverte et disponible, sans préjugés. Cette attitude ouverte, disponible et sans préjugés, je la définirais comme « humilité sociale », qui est ce qui favorise le dialogue. C’est seulement ainsi que peut grandir une bonne entente entre les cultures et les religions, l’estime des unes pour les autres sans précompréhensions gratuites et dans un climat de respect des droits de chacune. Aujourd’hui, ou bien on mise sur le dialogue, ou bien on mise sur la culture de la rencontre, ou bien nous perdons, tous nous perdons. C’est par là que passe le chemin fécond .
Excellences,
Mesdames et Messieurs !
Mesdames et Messieurs !
Je vous remercie de votre attention. Accueillez ces paroles comme l’expression de ma sollicitude de Pasteur d’Église, du respect et de l’affection que je nourris pour le peuple brésilien. La fraternité entre les hommes et la collaboration pour construire une société plus juste ne sont pas un rêve plein de fantaisie , mais le résultat d’un effort concerté de tous pour le bien commun. Je vous encourage dans cet engagement pour le bien commun qui demande de la part de tous sagesse, prudence et générosité. Je vous confie au Père qui est aux cieux lui demandant, par l’intercession deNossa Senhora Aparecida, de remplir de ses dons chacun des présents, vos familles et vos communautés humaines et de travail, et, de tout cœur, je demande à Dieu de vous bénir.
Merci beaucoup !
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