mercredi 28 mars 2012

Mais je n´ai jamais cessé de peindre. La peinture en général, c´est toute ma vie.

Le monde de Portocarrero au Musée des Beaux-Arts

La Havane - Cuba
Mireya Castañeda. 21 , Mars 2012





Une exposition exceptionnelle au Musée des Beaux-Arts pour le centenaire de l´artiste

René Portocarrero est né dans le quartier du Cerro à La Havane, le 24 février 1912, où il est décédé le 7 avril 1985. Dénommé le peintre de La Havane, il est une des figures majeures des arts plastiques cubains. À l´initiative de l´UNESCO, cette année sera consacrée à la commémoration du centième anniversaire de la naissance du peintre.

La Havane célèbre son anniversaire par une exposition très complète dans le bâtiment consacré à l´art cubain du Musée national des Beaux-arts, intitulée René Portocarrero : les villes, leurs femmes et leurs fêtes populaires.

L´exposition, qui a été soigneusement montée par Roberto Cobas, n´est pas anthologique - le musée lui a consacré une vaste rétrospective en 1967 - ; elle est composée de 31 pièces marquantes de l´œuvre de Portocarrero.

Le titre annonce trois lignes fondamentales qui identifient l´artiste à l´ensemble de son œuvre. « Plus que d´étapes, dans sa peinture on doit parler de thèmes, qui s´expriment dans une continuité magique », signale Roberto Cobas dans le catalogue, bien conçu, présenté lors de l´exposition, le 24 février.

Les pièces exposées ont été créées entre 1939, année où Portocarrero a peint ses premières huiles (Casablanca) et 1984, un an avant son décès (Grand carnaval Nº 1).

En suivant le fil de l´exposition, nous démarrons par La Havane, protagoniste majeure de l´œuvre de l´artiste. Il a commencé à peindre la ville dans les années 40 avec la série Intérieur du Cerro 1943 et 1944, et en 1948, « il réalise un dessin au pastel dans lequel il fait une approche candide de la ville (Ville 1948 et 1951) », écrit Cobas.

« Pourtant, c´est dans les années 50 que la ville aura un poids et une consistance décisives », un thème qu´il développera dans les années 60 pour devenir des images emblématiques. Une série qui s’achève en 1963 avec Paysage de La Havane.

Appartiennent à cette époque également les cathédrales (Cathédrale 1956), qu´il traite comme les villes, avec le style baroque que souligna l´écrivain Alejo Carpentier.

Les femmes arrivent tôt dans l´œuvre de Portocarrero, et y restent de façon récurrente : depuis un tableau comme Casablanca (1939) jusqu´à la surprenante série Portraits de Flora, une des plus connues, (No 2, 5 et 7, 1966), exposées lors de la 33e Biennale de Venise.

Il reviendra au thème de la femme dans les années 80 avec les séries Mères éternelles et Transfiguration et fugue.

Ses fêtes populaires arrivent en dernier. Le premier ensemble date de 1947, « une impressionnante série de pastels où il rassemble, avec des traits nettement impressionnistes, la culture cubaine avec ses fêtes et ses danses populaires, auxquelles il intègre des éléments des pratiques religieuses afro-cubaines » (Bembé et Carnaval chinois à La Havane).

On arrive alors à une de ses séries les plus appréciées, Couleur de Cuba, de 1962 et 1963. « Portocarrero prend le prétexte des fêtes populaires pour réaliser une recherche sur les éléments de cubanité à travers les personnages les plus caractéristiques : figures de carnaval… mais aussi images de Santa Barbara et de Yemaya » (Figures de carnaval, Femmes ornées, Petit Diable, Sainte Barbe).

Suivant cette même inspiration, au cours de la décennie suivante « Portocarrero crée une de ses séries de portée universelle, parmi les plus réussies de son œuvre : Carnavals, composée d´environ 200 œuvres qui à la différence de la série Couleur de Cuba, circonscrite au contexte cubain, est conçue avec un sens universel et transcendant. On y découvre des personnages portant des masques qui pourraient défiler aussi bien dans les rues de La Havane que sur les canaux de Venise ».

L´exposition dédiée au centenaire de l´artiste termine avec une de ses dernières pièces : Grand Carnaval No 1 car, toujours selon le curateur, « elle synthétise les trois thèmes centraux de cette exposition ».

Pendant l´inauguration de l´exposition René Portocarrero : les villes, leurs femmes et leurs fêtes populaires, les visiteurs ont pu vivre un moment privilégié : entendre un enregistrement d´un récit du peintre où il se souvient de ses débuts dans l´art, et où il a confié : « Je suis âgé maintenant, mais je n´ai jamais cessé de peindre. La peinture en général, c´est toute ma vie. »





















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