mercredi 21 novembre 2012

" Fointaine " Marcel Duchamp (1887 - 1968)






Fontaine
(Urinoir)
1917 - 1964
Faïence blanche recouverte de glaçure céramique et de peinture
63 x 48 x 35 cm
Inscriptions :
S.D. : R.MUTT / 1917
S.D.R. : Marcel Duchamp 1964
L'original (perdu) a été réalisé à New York en 1917.
Cette réplique, exécutée d'après la photographie de l'original prise en 1917 par Alfred Stieglitz, et réalisée sous la direction de Marcel Duchamp en 1964 par la Galerie Schwarz de Milan, en constitue la 3e version.
Urinoir
Achat, 1986
Numéro d'inventaire : AM 1986-295

Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007
L’histoire de l’urinoir de Marcel Duchamp tempère quelque peu l’idée (reçue) qui en fait l’objet le plus provocateur de l’histoire de l’art du xxesiècle, le symbole même de la subversion avant-gardiste. Fontaine(cat. rais. 1, n o345 d) n’était pas destinée à heurter le goût de Monsieur Prud’homme, mais à prendre à leur propre piège des artistes qui se voulaient libéraux et tolérants. En 1917, à New York, Duchamp est membre du comité de direction de l’exposition organisée par la Society of Independant Artists, dont les règles, en ce point distinctes de celles des Salons officiels, affirment qu’il est ouvert à tous, « sans prix ni jury ». C’est pour tester cette ouverture d’esprit autoproclamée que Duchamp, sous le pseudonyme de Richard Mutt, présente son urinoir au comité d’accrochage. L’objet, évidemment, suscite polémiques et controverses, puis finit par être relégué hors des espaces d’exposition du Salon. Alfred Stieglitz l’expose alors dans sa galerie 291, où il le photographie. L’épisode de l’urinoir se doit d’être rapproché d’un autre rejet dont fut victime Duchamp, lors du Salon des Indépendants de 1912, à Paris. À la demande de ses « amis » cubistes, il avait dû lui-même décrocher son Nu descendant un escalier n o2, jugé hérétique par rapport à ce que ses pairs pensaient être la doxacubiste. Qu’une censure puisse émaner d’artistes qui se disaient d’avant-garde avait ulcéré Duchamp. En 1917, il est maître du jeu. Il orchestre le scandale, assure la publicité à « sa » Fontaine, l’inscrit dans l’histoire de l’art, reproduit la photographie de Stieglitz dans le n o2 de sa revue The Blind Man(New York, mai 1917), y commente son aventure dans l’éditorial « The Richard Mutt Case ». Piégée par l’ironie duchampienne, l’histoire fait de Fontainel’étendard de l’iconoclasme moderne.
Didier Ottinger
Références bibliographiques :
Arturo Schwarz, The Complete Works of Marcel Duchamp, Londres, Thames & Hudson, 19692 vol. (vol. I : The Text, vol. II : The Plates, Critical Catalogue raisonné, the Sources). Rééd. New York, Delano Greenidge, 2000(1 vol.). [cat. rais. 1]
Didier Ottinger, Marcel Duchamp dans les collections du Centre Pompidou-Musée national d’art moderne, cat. exp., 2 vol., Jean Clair (dir.), Paris, Musée national d’art moderne, 31 janvier-2 mai 1977, Paris, Éd. du Centre Pompidou, 2001.
Marcel Duchamp, cat. exp., 2 vol., Jean Clair (dir.), Paris, Musée national d’art moderne, 31 janvier-2 mai 1977, Paris, Éd. du Centre Pompidou, 1977











Marcel DUCHAMP, 28 Juillet 1887, 2 Octobre 1968.



Marcel DUCHAMP ici avec Jacques VILLON, Raymond DUCHAMP 1912











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