dimanche 15 juillet 2012

" Cimarrones à Montmatre " Exposition



HAVANA TIMES, 7 février. Deux peintres cubains, résidents en France, exposent leurs œuvres au Centre Culturel Maison de Victor Hugo, à La Havane, jusqu'au 15 février




Je suis allée au vernissage de "Cimarrones à Montmartre", l'exposition des peintres Francisco Rivero et Lorenzo Padilla, à l'invitation de Mercedes Aguirre Sotolongo, commissaire de l'exposition, amie de Francisco Rivero depuis plus de trente ans.







Je ne peux pas parler de cette exposition comme le ferait une critique d'art ou un expert en peinture, car je ne le suis pas. Dès que je suis rentrée dans la salle du deuxième étage, c'est un tableau situé sur le mur du fond, juste en face de moi, qui a retenu mon attention, par ses couleurs et cette impression de joie qu'il a éveillée en moi.

J'ai cependant décidé d'être disciplinée et de commencer par la gauche, comme le suggéraient les commentaires de la commissaire. Si le premier tableau m'a attirée par la profusion de ses couleurs, ce qui m'a surprise ensuite c'est la variété des techniques et des supports employés par Francisco Rivero : collage, peinture a tempera, huile, sur bristol, ajoutés aux collages de peintures à l'acrylique sur ces gros cartons que nous utilisons chez nous pour boucher temporairement un trou dans une porte ou une fenêtre.
En quelque sorte, ces travaux m'ont fait penser à une certaine quête des racines africaines, à une nostalgie d'immigrant, à la tristesse causée par l'éloignement et la recherche de soi-même, peut-être à cause des tons sombres et l'emploi du noir, comme seule couleur, dans certains cas. Je pense à une phrase qui donne son titre à l'un de ses tableaux : " il en est qui sont des feuilles, d'autres des branches, mais moi, moi, moi, moi, je suis la racine".





Je suis finalement arrivée au tableau qui avait retenu mon attention, et surprise, ce n'était pas une huile -Francisco Rivero n'a jamais utilisé l'huile comme moyen d'expression-, il ne s'agissait pas non plus de bristol, mais d'un patchwork de tissus. Ce tableau a pour titre "Un jour sans nuages", quelque chose qui pour nous est banal, mais qui suggère qu'en France c'est un sans doute évènement, parfois peut-être un espoir. Cet emploi du tissu se renouvelle dans les trois derniers tableaux de l'exposition de Francisco Rivero.



Si je devais décrire le peintre à partir de son œuvre, je dirais qu'il est toujours en mouvement et animé par le besoin constant d'explorer et d'expérimenter.


Lors d'une conversation avec lui, il m'a parlé de l'intérêt qu'il porte au tissu comme élément de la vie quotidienne, dont la fonction principale est celle de nous vêtir. Je n'ai pas été étonnée de savoir que cet homme, qui a étudié la peinture à l'Académie de San Alejandro à la Havane, entre 1972 et 1976, a obtenu le diplôme de l'Institut Supérieur de Dessin (Design ?) en 1984.


Dans "Le grand bonheur prend tout l'espace", le papier peint qui sert à tapisser les murs s'allie aux combinaisons de tissu, de même que dans "Cela arrive dans le silence éloquent d'un rêve" dans lequel se détache la silhouette d'une femme caribéenne ou africaine. Dans le tableau "La froide colline d'une chanson", les couleurs, bleu, blanc et rouge se combinent : couleurs du drapeau français, mais aussi -par hasard ?- du drapeau cubain. Ou peut-être pas par hasard, car ce fut la Révolution française, ses idéaux de Liberté, d'Egalité et de Fraternité, qui ont inspiré toutes les révolutions du 19ème siècle. La réalité de ces valeurs est une préoccupation constante dans la France contemporaine, qui se reflète dans les conversations avec Francisco Rivero.


J'ai visité plusieurs fois cette exposition et chaque fois, j'ai découvert quelque chose de nouveau dans mes échanges avec le créateur. Dans cet exposition, composée majoritairement de tableaux, il y a une petite installation faite dans ce carton d'emballage qu'on utilise dans les boutiques et qu'on retrouve ensuite dans les poubelles des magasins. J'avoue que je ne l'avais pas remarquée avant ma troisième visite, et pourtant, elle s'appelle "Vision". L'artiste me raconte alors qu'il s'agit de l'emballage d'un téléphone qu'on a installé chez lui, en France. Le technicien chargé de l'installation avait demandé à Francisco de le jeter, car il était pressé. C'est comme ça que Francisco l'a récupéré. Ensuite, il a vu les potentialités du matériau pour en faire une œuvre d'art, en le laissant à l'état naturel, sans l'altérer avec de la peinture. Lorsqu'il a vu l'emballage, il vu ce qu'il allait en faire, d'où le titre de l'œuvre exposée à la Maison de Victor Hugo.




On peut voir en outre dans cette exposition une aquarelle et trois huiles sur toile de petit format, sans titre, du peintre Lorenzo Padilla. Cet artiste, qui a obtenu une bourse du Musée du Prado au début des années soixante, s'est installé en France à la fin de cette décade. Francisco le décrit comme une personne d'une grande sensibilité, d'une grande valeur morale. Il a fait don d'œuvres d'art au musée de la ville de Matanzas, ainsi que d'une collection d'objets d'art africain exposée dans le Musée des Arts africains de Matanzas. C'est la raison pour laquelle il a été décoré au titre de la Culture Nationale en 2006.




 

Le lieu de cette exposition n'a pas été choisi par hasard. Il s'agit du Centre Culturel de la Maison de Victor Hugo, rue O'Reilly dans le vieux quartier de la Havane. Le célèbre écrivain n'a jamais habité là. Cependant ce Centre a été inauguré le 16 avril 2005, en hommage à celui qui manifesta sa solidarité avec les cubains en lutte pour leur indépendance contre la métropole espagnole au 19ème siècle. On raconte en outre qu'il a échangé une correspondance avec notre Apôtre José Marti. C'est à partir de ce lieu que se répand la culture française : on y donne des cours de français, des conférences, on y projette des films.



L'exposition "Cimarrones à Montmartre restera ouverte jusqu'au 15 février


Yusimi Rodriguez, photos: Alejandro Morales















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