jeudi 14 mai 2015

Annya Sand et Le Monde des obsessions





De l'original au sublime singularité.
Francisco Rivero






ONEIRO Galerie.
7b/9 rue du Perche 75003 - Paris - France.
Métro
ligne 8: Filles du Calvaire / Saint-Sebastien Froissart
ligne 3: Arts et Métiers
Horaires d'ouverture
du Mardi au Samedi de 10:30 à 19:00 et sur rendez-vous












Le Monde des obsessions

Oneiro - Paris

10 avril 2015 - 13 juin 2015
Annya Sand navigue avec aisance entre les genres picturaux, de la figuration réaliste à l’installation conceptuelle, en passant par l’abstraction lyrique. Avec une maîtrise technique remarquable, elle donne forme aux objets mentaux (souvenirs, sensations, rêves…) qui peuplent sa mémoire et son inconscient. Dans ces tableaux aux atmosphères oniriques, l’artiste explore une voie médiane entre figuration et abstraction, suggérant des formes davantage qu’elle ne les dessine. Représentations symboliques ou expressions brutes de ses affects, ces peintures font signe vers l’intuition particulièrement aiguisée qui guide le geste d’Annya Sand. Comme autant de traces organiques, chacun de ses coups de pinceau contribue à faire apparaître des compositions d’une vive intensité, assemblées au rythme de sa pulsation vitale.

Les peintures à l’huile d’Annya Sand sont le fruit d’un travail de la matière très dense, à la fois méticuleux et spontané. Elle y explore une large palette de textures, procédant par empâtement, par petites touches, par balayage ou par aplat très fin, de manière à effacer les traits et à redessiner les reliefs. Bien que dominée par les tons gris et bleu d’une part, ocre, rouge et rosé de l’autre, leur équilibre général tient aux infimes variations chromatiques qui affaiblissent les contrastes, aux pointes de blanc qui en rehausse la luminosité. Libérées de la rigidité de leur structure, ces formes n’en manifestent qu’une plus troublante vitalité, ouvertes à mille métamorphoses. Les motifs abstraits se prêtent à des projections organiques (des déchirures, des racines, des mousses) ou minérales (des roches, des fragments lunaires ou volcaniques), tandis que les portraits, paysages et natures mortes, nimbés jusqu’à l’évanescence, sont comme traversés de vibrations.

Annya Sand imprime à ses toiles les mouvements de sa compulsion créatrice, ceux de son empressement, de sa nervosité, de sa violence parfois, comme ceux de sa délicatesse, de sa patience et de ses fragilités. Prenant parfois l’allure d’un graphe rupestre, ses œuvres marquent une volonté de mobiliser une source d’énergie profonde, peut-être primitive. Annya Sand cherche à reproduire cette expérience sur toile, à donner à voir la naissance d’une forme, le mouvement d’une trace qui passe de l’esprit à la main.

Fidèle à cette même intention, ses nouvelles toiles sont cependant marquées par de plus grandes respirations, par un travail d’épure qui allège considérablement la composition. Plus fines, plus douces, plus lumineuses, elles sont dominées par un fond blanc, lui même travaillé, qui met en valeur les figures. Ces tableaux, réalisés à l’acrylique, des motifs naturels semi-abstraits, évoquent tour à tour un rhizome ou une racine, une fente ou une crevure, l’ombre d’un arbre ou d’une fleur. En appliquant un balayage rapide ou en diluant la peinture, elle plonge les figures dans un certain flou, ses toiles prenant alors l’allure d’estampes japonaises revisitées. A travers ces paysages mentaux projetés sur toile, Annya Sand pousse un peu plus en avant son travail du flou, du vide, pour enfin saisir la réalité fugace, voire insaisissable, de sa vie cognitive, renvoyant aux méandres de son imagination et de sa sensibilité.

Florian Gaité, critique d'art, 2015












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