Ensemble au Grand Palais le temps d' une expo.
Aimé Césaire - Lam - Picasso « nous nous sommes trouvés », une exposition qui célèbre le 70e anniversaire de la fructueuse rencontre entre Aimé Césaire (1913-2008) et Wifredo Lam (1902-1982), « un coup de foudre » dira le poète, « deux artistes frères » affirmera le peintre. Outre les toiles et eaux-fortes de Lam, elle réunit du 16 mars au 06 juin 2011 des gravures de Picasso et des oeuvres d’autres artistes inspirées par les poèmes et écrits de Césaire. Pablo Picasso et Wifredo Lam
« nous nous sommes trouvés »
Isolé parmi ses contemporains qui s'attachaient surtout à la réalité sociologique d'une civilisation déjà post-industrielle, Lam est le premier artiste qui parle de la naissance d'une culture du métissage, celle des grandes capitales internationales, dans lesquelles se forge la société multiraciale et syncrétique du vingt-et-unième siècle.
Sa peinture annonce cette civilisation, elle en est la préhistoire visuelle et plastique, elle nous rappelle l'absolue nécessité de garder le contact avec les premières croyances de l'humanité, avec ce qui constitue une pensée sauvage et intuitive en tant qu'indispensable contrepoids de la pensée technologique.
Ce n'est pas un hasard si l'on met côte à côte si souvent l'oeuvre de Lam à la pensée antillaise qui, de la négritude d'Aimé Césaire, prend le chemin de la créolité d'Édouard Glissant.
Giovanni Jioppolo
Critique d'art
Pour rentrer dans son art, il faut noter qu'il a surpris et a indiscutablement marqué la peinture du XX° siècle.
En effet, également révoltés face à l'oppression qui se développait avec insolence et violence en Europe, les mouvements intellectuels européens lancés à la recherche d'une réelle rencontre avec l'autre, avec le sensible de tous les peuples niés, piétinés par les colonisations, ont largement pris appui sur le langage de Wifredo Lam, langage fondamentalement caribéen.
Il apportait une vérité culturelle, que Lam a su transformer sans complaisance en une écriture plastique authentiquement nouvelle, une invention universelle.
En effet, Lam a révélé, approfondi et refondé nos particularismes culturels et cultuels, l'imaginaire populaire propre à tous les peuples noirs, caribéens ou africains. Et avec force et sincérité, sa proposition, très originale, par son fond et sa forme a autant vitalisé l'art dans le monde, que la plastique du XX° siècle l'a aussi été par le travail de Pablo Picasso.
Ce que j'appelle la plastique c'est une manière spécifique de voir le monde, de le représenter, de se le représenter, de s'emparer volontairement de ses pleins et de ses déliés pour le signifier autrement, pour l’inviter au dépassement des formes et des idées archaïques ; Lam nous laisse donc un merveilleux testament plastique dont les prémisses sont encore fondation de tout le langage plastique caribéen.
Dans une grande liberté, l'exprimé profond de Lam a transmuté nos contes, nos croyances et nos peurs, en une révolte consciente, affirmée, augurant une renaissance.
A. Cadet-Petit.