vendredi 31 octobre 2014

Paris rayonnait d'expositions universelles








La Tour Eiffel (1889), le Grand Palais (1900) et le Petit Palais, le pont Alexandre III, les palais de Chaillot et de Tokyo, et encore les grands hôtels tels que celui du Louvre, ou le Continental, les gares d'Orsay et des Invalides, la première ligne de métro (Porte de Vincennes/Porte Maillot): tous ces équipement sont des legs des expositions universelles, événements pourtant à vocation éphémère.
Si c'est Londres en 1851 qui donne le ton, c'est Paris qui est aujourd'hui la capitale de ces manifestations monstres. Elle est à ce jour la seule ville au monde en ayant accueilli six (en comptant celle intitulée exposition internationale, vouée aux Arts Décoratifs, en 1925). À ces six éditions il faut ajouter celle de 1931, qui a glorifié les territoires coloniaux des empires et celle de 1931, qui ne voulait pas dire son nom en raison du contexte tendu de l'avant-guerre.
La paix revenue, le mouvement des expositions universelles ne reprendra dans le monde qu'en 1958 et manquera de s'interrompre avec la crise des années 1970. Il a refleuri ces dernières années avec Hanovre (2000), Aichi (2004) ou encore Shanghai (2010). La prochaine est annoncée du 1er mai au 31 octobre 2015 à Milan. Focus sur quelques unes de ces vitrines politiques, techniques, industrielles et culturelles, véritables phénomènes de civilisation qui ont électrisé Paris.
● 1855
Quinze hectares, 25 pays participants. Napoléon II a décidé de relever le défi anglais. Malgré la guerre de Crimée qui oppose la France, l'Angleterre et l'empire ottoman à la Russie, la manifestation innove avec l'ajout d'une section Beaux-Arts et d'une autre qui propose des objets de tous les jours à bas prix. Cinq millions de visiteurs.
● 1867
69 hectares, 42 pays participants. Haussmann a mis Paris en chantier. Le régime impérial se libéralise. Une apogée? Plutôt une effervescence, car sous le vernis festif, la faillite du Crédit immobilier des frères Pereire a sapé l'économie. Délégations ouvrières, apparition des bateaux-mouches… Occupation total du Champs-de-Mars et de sa périphérie par un grand palais ovale découpé en tranches. 15 millions de visiteurs.
● 1878 
75 hectares, 36 pays participants. L'exposition est censée stabiliser la jeune Troisième République. Absence notable des empires allemands et ottomans. La suppression de la section d'économie sociale est symptomatique d'une autorité rétive aux réformes, qui a encore le souvenir de la Commune en tête. Construction du palais à deux bras du Trocadéro où sont montrées des collections d'art ancien, de la préhistoire au XVIIIe siècle et celles d'Extrême-Orient de monsieur Guimet. Celui du Champ-de-Mars est cette fois rectangulaire. Dans le parc, on admire la tête de la Statue de la Liberté. On peut grimper à l'intérieur. 16 millions de visiteurs.
  1889 
96 hectares, 35 pays participants. Centenaire de la Révolution française sous le signe du fer et de l'acier. D'un côté de l'esplanade du Champ-de-Mars entièrement construit, la Galerie des Machines fait à elle seule 440 m le long. À l'autre extrémité, la Tour Eiffel construite en seulement 22 mois.Le Figaro est imprimé depuis son deuxième étage. Charles Garnier est également l'homme du jour: il illustre l'habitat humain avec une quarantaine de reconstitutions. 32 millions de visiteurs.
  1900 
120 hectares, 58 pays participants. La Belle Époque au fait de sa puissance. Les installations débordent du Champ-de-Mars et de la colline de Chaillot, pour occuper toutes les rives de la Sine jusqu'aux Invalides. Dans l'axe du nouveau pont Alexandre III, le palais des Beaux-Arts du Grand palais, avec son voisin plus petit, remplacent le palais de l'Industrie de 1855. Parmi la foule d'anonymes, un jeune homme nommé Pablo Ruiz Picasso s'éblouit des feux inégalés de la Ville Lumière. 51 millions de visiteurs.
● 1925 
23 hectares, 21 pays participants. L'événement était prévu en 1914. Il se relève mais gravement mutilé et toujours en crise (monétaire et intellectuelle avec la révolution surréaliste). Pas de palais de machines mais un semis de petits pavillons sur l'esplanade des Invalides. Fin des styles régionalistes et des pastiches, triomphe de l'Art Déco aux influences cubistes et aux lignes épurées. Apparition du béton armé. Le Corbusier, Mallet-Stevens et les Russes s'imposent. 15 millions de visiteurs.
● 1931 
Exposition atypique. Il devient nécessaire de réaffirmer la suprématie de la France sur ses possessions d'Outre-mer. Les colonies, leurs peuples autochtones plus ou moins «sauvages» et d'un exotisme trompeur, sont évoqués sur la frange ouest du bois de Vincennes. Le bâtiment de la porte Dorée est construit de manière pérenne. Il abrite aujourd'hui la Cité nationale de l'histoire de l'immigration. Reproduction grandeur nature du temple central d'Angkor (Cambodge). 33 millions de visiteurs.
● 1937 
105 hectares, 44 pays participants. Le Front populaire veut célébrer la paix, à l'heure de la guerre en Espagne, du Japon contre la Chine et de l'Italie envahissant l'Éthiopie. Picasso choque tout le monde avec son immense Guernica sur les murs du pavillon espagnol. Sans être véritablement une exposition universelle, les nouveautés touchent tout le monde: télévision, publicité. Le pavillon de la radio diffuse les nouvelles du jour. Seul très grand bâtiment, le palais de Chaillot s'habille d'une façade néoclassique en pierre. Partout s'impose la monumentalité et l'épuration des formes. Se défient notamment, face à face, les pavillons allemand (d'Albert Speer) et soviétique. 31 millions de visiteurs.





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