mardi 4 mai 2010

Pablo Picasso & Wifredo Lam




AMITIE


" Lam,
Je crois que tu as de mon sang en toi,
tu dois être un de mes parents un primo; un cousin. "
Pablo Picasso






Durant une période à laquelle mettra fin son retour à Cuba en 1941, quand la France aura cessé de pouvoir lui servir de refuge, Wifredo Lam, artiste maintenant pleinement adulte et dont la personalité s'est dégagé des limbes, peint des figures trés simples, remarquable par leur allure hiératique et qui paraissent dénoter des préoccupations essentiellement plastiques. Avec ces femmes et parfois ces maternités, sujets pours lesquels il semble marquer une prédilection quoiqu'ils ne soient pas les seuls à le solliciter, il s'attache - peut-on présumer - à traiter le thème le plus élémentaire, parmi ceux qui lui tiennent à coeur, de la manière la plus nue et la plus dépouillée, usant d'autant de liberté que soin aîné Picasso à l'egard du naturalisme et se mettant, tout à la fois, à l'école des sculpteurs négres, artistes insurpassables en matére de construction solide et lisible d'un seul coup d'oeil.

Des cette époque, se manifeste une qualité profonde, qui demeurera - toutes questions formelles mises à part - la qualité souveraine de l'art de l'Antillais Wifredo Lam, placé à la croisée de plusieurs civilisations : loin de se présenter comme les resultats d'un écletisme - résultats qui, produits métis de la modernité occidentale et d'un archaïsme visant à imiter les Noirs africains, seraient des sortes d'arlequins faits de piéces et de morceaux culturels - ses oeuvres apparaissent plutôt comme les lieux d'une étroite conjugaison entre deux courants qui se sont fondus en lui et qui répondent, l'un, à sa volonté délibérée de transcender ( s'élever au-dessus du circonstanciel ) et, l'autre, à la fascination presque immémoriale que la " chose négre " a excercée sur lui, avant même qu'il en eût pris une claire conscience. C'est la persistances, en profundeur, de cette fascination qui permettra beaucoup plus tard à Ernesto Che Guevara, rentrant d'Afrique, de de citer comme exemple de " l'extraordinaire parenté de Cuba et de l'Afrique " la peinture de Wifredo Lam et de dire en substance que malgré la différence d'aspect due aux recherches formelles qui s'y manifestent, cette peinture " trés développée " fait partie de l'art rituel des Noirs.


WIFREDO LAM

LEIRIS - LAM
Inédit
Michel Leiris
Pag : 52, 53.
Didier Devillez Editeur



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