jeudi 6 décembre 2012

Niemeyer, en exil en France,



Niemeyer, en exil en France, construit le siège du PCF







1980: le siège du Parti communiste est inauguré officiellement. L'essentiel du bâtiment a été construit entre 1966 et 1971. Crédits photo : ERIC FEFERBERG/AFP





L'idée est d'affirmer la puissance du parti, mais aussi d'en incarner sa «modernité».

«Je suis entré au Parti communiste, et j'y suis resté»: ainsi parlait Oscar Niemeyer, militant engagé pendant soixante-sept ans, de 1945 à sa mort. Fidel Castro, cité par l'AFP, aurait même déclaré en 1995: «Il ne reste que deux communistes au monde, moi et Oscar.» Contraint à la clandestinité pour cause de dictature au Brésil, entre 1964 et 1985, l'architecte prend le chemin de l'exil. Direction l'Europe, la France en particulier, à partir de 1967. À Paris, André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, lui fait bon accueil. Il bâtira, au Havre, le Volcan, maison de la culture (surnommée «le Yaourt») et la Bourse du travail de Bobigny.
Surtout, il concevra le siège de L'Humanité, à Saint-Denis, et celui du Parti communiste français, place du Colonel-Fabien, à Paris. C'est la «seule bonne chose que les communistes aient faite», dira Georges Pompidou. C'est Roland Leroy, membre du secrétariat politique, qui choisit l'architecte brésilien pour ce nouveau siège, en 1966.

«Un bunker de luxe»

L'idée est d'affirmer la puissance du parti, mais aussi d'en incarner sa «modernité». Les travaux coûtent au bas mot 10 millions de francs, financés par la vente d'immeubles anciens, des prélèvements sur les salaires des élus communistes, et une souscription militante. Oscar Niemeyer accepte de travailler gratuitement pour le parti.
Construit entre 1966 et 1971, vraiment achevé en 1980, ce bâtiment en «S», avec une coupole blanche placée devant, est effectivement détonnant pour l'époque. L'Aurore décrit alors le siège comme «un bunker de luxe» avec ses six étages de verre et d'acier.
Le 27 juin 1980, Georges Marchais, secrétaire général du PCF, inaugure le 2, place du Colonel-Fabien, en compagnie de l'architecte. Celui-ci explique que le bâtiment «représente la lutte commune contre la misère, la discrimination et l'injustice. Avec des formes nouvelles simples, sans finitions luxueuses et superflues, c'est la maison du travailleur.» Son travail est voulu comme un geste politique, autant qu'architectural. «Ces mots ne sont pas seulement ceux d'un créateur, mais aussi ceux d'un intellectuel révolutionnaire», rétorquera d'ailleurs Georges Marchais.
Dix ans plus tard, alors que les troupes communistes s'érodent, le siège du PCF est devenu un lieu de visite pour le grand public. Pendant les années Robert Hue (1994-2001), des espaces ont même été loués pour un défilé Prada - afin ­d'améliorer l'ordinaire. En 2007, le ­bâtiment a été classé monument histo­rique. Depuis, une partie des étages a été louée à des entreprises, une autre est consacrée à Oscar Niemeyer et le PCF ­occupe le reste.















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