mardi 25 décembre 2012

" L'âge d'or des cartes marines...



- Quand l'Europe découvrait le monde "



Planche du Brésil, début XVIe siècle.
Planche du Brésil, début XVIe siècle. Crédits photo : BnFdépartement des Cartes et plans

Belles à défaut d'être justes, 80 cartes marines anciennes racontent la conquête du monde.

Pendant cinq siècles, des Européens ont conquis le monde et l'ont dessiné. Jusqu'à fin janvier, la BnF expose 80 cartes marines exceptionnelles, aussi appelées portulans (de l'italien portolano), montrant un art fascinant de la carte. Faux évidemment, mais somptueux: les portulans servirent tout autant d'aide à la navigation que de décoration. Joignant l'utile au prestigieux, elles furent images d'histoire autant qu'images scientifiques. À l'entrée de l'exposition, une bande-son invite au voyage: crissement des mâts, cri de mouettes et bruit de vagues. L'esprit flottant, on peut alors regarder les vieux parchemins, représentant des côtes marines, des noms de terres inconnues et une représentation de l'autre monde. Dont la plus ancienne carte occidentale, qui daterait du XIIIe siècle, dénommée carte pisane.

Au départ centré sur et autour de la Méditerranée, l'art de la carte s'envole avec les grandes découvertes et la conquête du Nouveau Monde. Les Portugais et les Espagnols ouvrent la voie, dépassés un jour par les Hollandais et les Anglais. La conquête du monde fut aussi une histoire de rivalités entre les puissances maritimes. Chacun contribue au savoir de l'autre monde, mais ne résiste pas à la tentation de se mettre au centre de tout. Pour la Hollande, le Sud est au Nord, et vice versa: difficile de lire aujourd'hui les documents qu'ils produisent! Mais leur force réside souvent ailleurs. Une partie de ces cartes sont de véritables œuvres d'art, enluminées d'or, décorées de peuples lointains et d'animaux féroces.

Les marins se servaient des cartes à bord, mais ils ne les dessinaient pas. La cartographie est un art maîtrisé sur la terre ferme, à Lisbonne, Gênes, ou Marseille. Au départ, les portulans servent à repérer les côtes et les dangers, et dessinent les contours de l'inconnu. On se sert de boussoles et de roses des vents: la longitude mettra longtemps à faire son apparition. Les cartes donnent une succession de ports, dont le nom est inscrit perpendiculairement, le long des côtes, tandis que les distances en mer sont indiquées grâce à des lignes, dites lignes de rhumb. La complexité viendra plus tard, au fil des découvertes. Les côtes américaines apparaissent petit à petit, ainsi que celles des Indes.

Mais les cartes ne sont pas que des aides à la navigation pour Magellan ou Christophe Colomb. Elles sont aussi une affaire d'État et de géopolitique. Miroirs de la conquête de l'ailleurs, les portulans servent à afficher son prestige. Certains parchemins, à la taille spectaculaire, servirent de décors dans les bureaux des grands de ce monde. Univers exotique, rehaussé de dessins de rois, d'indigènes ou de perroquets - comme cette carte issue de l'atlas Miller, réalisée pour le roi du Portugal au début du XVIe siècle -, elles permettaient de méditer sur les conquêtes, le monde et son infinité.

«L'âge d'or des cartes marines - Quand l'Europe découvrait le monde». BnF, site François-Mitterrand, jusqu'au 27 janvier














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