Les musées se remettent en scène
Exposition Salvador Dali au Centre Pompidou, à Paris. Crédits photo : Hervé Veronese/Centre Pompidou
Par Ariane Bavelier et Valérie Duponchelle
Comme le Louvre-Lens, de plus en plus d'institutions adoptent une scénographie novatrice pour l'accrochage des œuvres.
La rétrospective Dali si sensorielle à Beaubourg, la spectaculaire galerie du Temps qui plonge au Louvre-Lens ou «L'impressionnisme et la mode» avec son gazon vert tendre à Orsay rendent le phénomène éclatant. Ce ne sont plus seulement les œuvres qui créent l'événement au musée, mais les scénographes - architectes, designers, metteurs en scène - qui les subliment en les disposant sur d'autres piédestaux que les socles d'antan. La belle Jasmin Oezcebi a marqué de son minimalisme l'exposition «Chefs-d'œuvre?» qui ouvrait leCentre Pompidou-Metz en 2010, comme «Extra large», qui exposait les pièces monumentales du Centre Pompidou, cet été, au Forum Grimaldi à Monaco.
Ces artistes des cimaises sont la clé des expositions et viennent d'horizons les plus divers. Ils sont architectes comme Jean Nouvel, auteur de la scénographie qui met tous les mondes premiers sur le même plan au Musée du quai Branly ou Jean-Michel Wilmotte qui éblouit les visiteurs du Musée d'art islamique bâti par Pei à Doha (Qatar). Ils sont designers comme Nathalie Crinière, diplômée de l'École Boulle en architecture et des Arts déco de Paris en design industriel, ou le coloriste Hubert Le Gall qui, après «Monet» au Grand Palais, prépare «Le Romantisme noir» pour le musée d'Orsay au printemps. Ils sont metteurs en scène d'opéra comme Robert Carsen.
«Il faut savoir raconter une histoire, explique Hubert Le Gall, trouver le rythme de l'exposition, établir la hiérarchie des objets, évaluer leur nombre par rapport à l'espace global, les faire dialoguer entre eux, établir un circuit de visite, trouver les volumes, structurer l'espace, introduire la couleur qui intuitivement rendra la présentation plus sensible.»
Au Quai Branly, Jean Nouvel a orchestré un itinéraire décrié par les puristes mais apprécié du public: tunnel, longue rampe d'accès, du noir avant l'entrée dans les collections proprement dites sans aucun éclairage apparent, de grandes vitrines plates permettant d'être à 10 cm des sculptures… qui se trouvent réduites ipso facto en œuvres graphiques à deux dimensions, disent les réfractaires. «La relation à l'objet doit d'abord provoquer l'émotion, les explications viennent après, dit Jean Nouvel. Il faut aussi présenter l'objet dans son contexte. Que dirait-on si une œuvre du Quattrocento appartenant à un pays africain était présentée dans une case?»
Jusqu'où aller dans la mise en scène? À Orsay, la dernière salle de «L'impressionnisme et la mode», où Robert Carsen place des chefs-d'œuvre au-dessus d'un gazon artificiel, a fait hurler. À Carnavalet, l'exposition sur les trésors des églises ne respecte ni la pénombre ni la distance pour laquelle les œuvres ont été peintes. Les détracteurs du Louvre-Lens s'étonnent de voir le public déambuler entre les chefs-d'œuvre de l'humanité comme entre les animaux empaillés de la galerie de l'Évolution. De la contemplation, on est passé à la familiarité avec les œuvres. Crime de lèse-majesté?
Ces artistes des cimaises sont la clé des expositions et viennent d'horizons les plus divers. Ils sont architectes comme Jean Nouvel, auteur de la scénographie qui met tous les mondes premiers sur le même plan au Musée du quai Branly ou Jean-Michel Wilmotte qui éblouit les visiteurs du Musée d'art islamique bâti par Pei à Doha (Qatar). Ils sont designers comme Nathalie Crinière, diplômée de l'École Boulle en architecture et des Arts déco de Paris en design industriel, ou le coloriste Hubert Le Gall qui, après «Monet» au Grand Palais, prépare «Le Romantisme noir» pour le musée d'Orsay au printemps. Ils sont metteurs en scène d'opéra comme Robert Carsen.
«Il faut savoir raconter une histoire, explique Hubert Le Gall, trouver le rythme de l'exposition, établir la hiérarchie des objets, évaluer leur nombre par rapport à l'espace global, les faire dialoguer entre eux, établir un circuit de visite, trouver les volumes, structurer l'espace, introduire la couleur qui intuitivement rendra la présentation plus sensible.»
Du sens et du confort
«Il ne s'agit pas de jouer le geste architecturale, renchérit Adrien Gardère, à l'œuvre au Louvre-Lens. Il faut donner du sens par l'espace et du confort au visiteur qui se sent intimidé par l'art et le savoir.» Cette «rencontre haute couture» entre le visiteur et les objets rompt avec la loi contemporaine du white cube ou de son alter ego, le black cube. Elle renoue avec le souci de «mise en exposition» manifesté par les futuristes, les surréalistes et le Bauhaus, puis éclipsé jusqu'aux années 1980. «J'ai conçu la galerie de l'Évolution, inaugurée en 1994, avec le réalisateur René Allio, dit l'architecte Paul Chemetov, qui a signé au Muséum d'histoire naturelle une révolution comparable à celle du Louvre-Lens. Nous avons travaillé sur l'allusion, sollicitant du spectateur intelligence et ironie: ours polaires et otaries posées sur des vitres brisées, oiseaux prenant leur envol avec le mouvement de l'ascenseur, cortège d'animaux posés sur le parquet et entre lesquels les visiteurs peuvent marcher.»Au Quai Branly, Jean Nouvel a orchestré un itinéraire décrié par les puristes mais apprécié du public: tunnel, longue rampe d'accès, du noir avant l'entrée dans les collections proprement dites sans aucun éclairage apparent, de grandes vitrines plates permettant d'être à 10 cm des sculptures… qui se trouvent réduites ipso facto en œuvres graphiques à deux dimensions, disent les réfractaires. «La relation à l'objet doit d'abord provoquer l'émotion, les explications viennent après, dit Jean Nouvel. Il faut aussi présenter l'objet dans son contexte. Que dirait-on si une œuvre du Quattrocento appartenant à un pays africain était présentée dans une case?»
Jusqu'où aller dans la mise en scène? À Orsay, la dernière salle de «L'impressionnisme et la mode», où Robert Carsen place des chefs-d'œuvre au-dessus d'un gazon artificiel, a fait hurler. À Carnavalet, l'exposition sur les trésors des églises ne respecte ni la pénombre ni la distance pour laquelle les œuvres ont été peintes. Les détracteurs du Louvre-Lens s'étonnent de voir le public déambuler entre les chefs-d'œuvre de l'humanité comme entre les animaux empaillés de la galerie de l'Évolution. De la contemplation, on est passé à la familiarité avec les œuvres. Crime de lèse-majesté?
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