lundi 11 avril 2011

DOGON. Transmissions d'héritage.

Les parentés sont révélées : une manière particulière d'étirer l'encolure du cheval, une géométrie qui construit la figure de l'homme assis par des verticales et des obliques symétriques, une autre géométrie de sphères et ovoïdes emboîtés, les têtes coniques et les têtes plates, les postures en tailleur et celles avec un ou les deux bras levés.
Affiche de l'exposition "Dogon" - Musée du quai Branly, Paris




L’exposition Dogon présente l’histoire de l’art et de la culture dogon, depuis le 10e siècle jusqu’à nos jours, à travers plus de 330 oeuvres exceptionnelles issues de collections du monde entier et rassemblées pour la première fois en France. L’art du pays dogon du Mali est l’un des plus connus parmi les oeuvres issues des cultures d’Afrique.


Outre les chefs-d’oeuvre qui ont fait la renommée de l’art dogon, l’exposition présente des pièces cultuelles, ou même d’usage quotidien, qui évoquent les préoccupations métaphysiques et esthétiques des populations les ayant produites.

Les typologies de ces objets, aux techniques virtuoses et variées, ont été rarement dévoilées en regard des grandes pièces de la statuaire. Plus de dix siècles d’histoire des peuplements, des influences artistiques et culturelles sont ainsi parcourus à travers un rassemblement unique de chefs-d’oeuvre incontournables et de pièces du quotidien inédites qui témoignent du peuplement progressif du pays dogon et de la richesse de sa diversité stylistique.

Sur les 2000 m2 de la Galerie Jardin, l’exposition DOGON se compose de trois grandes parties thématiques qui illustrent l’histoire de l’art et de la culture du peuple dogon au travers de productions artistiques variées.


Introduction : Histoire et origines des migrations des Dogon

Les récentes recherches historiques sur l’Afrique de l’Ouest ont démontré que les populations établies dans les diverses zones de la région n’étaient pas isolées.


Les vagues de migrations, les pistes caravanières, les échanges commerciaux sur de longues distances ainsi que les relations avec les autres peuples résidant dans la région de Bandiagara ont permis de former un réseau développé de contacts, bien avant l’arrivée des Européens.

La population dogon s’est donc enrichie de ces acquis que lui ont apportés les civilisations alentours.


Première partie : Styles de statuaire en pays dogon

Au-delà de l’unité apparente d’une identité commune forgée au fil des siècles, les statues présentées dans cette partie dévoilent la remarquable créativité des peuples du pays dogon et la grande diversité de ses productions artistiques.

Elle explore la complexité sous-jacente au pays dogon, perçu à tort comme un continuum culturel. Réparties selon différents styles correspondants à des peuples différents ou à des zones géographiques spécifiques, 133 sculptures exceptionnelles témoignent de cette richesse : Djennenke, N’Duleri, Tombo, Niongom, et Tellem, Gogon-Mande, Tintam, Bombou Toro, Kambari, Komakan, styles de la falaise et de la plaine du Séno. A leur arrivée sur le plateau de Bandiagara, les Dogon se retrouvent face à des peuples occupant déjà la région et possédant une culture matérielle élaborée. Sculptures et textiles des Tellem retrouvés dans les sanctuaires coexistent sur la falaise avec les oeuvres Niongom et Dogon mandé, tandis qu’au nord les sculptures Djennenké et, au centre du plateau, les pièces Tombo témoignent des vagues migratoires différentes.


Deuxième partie : La fascination des anthropologues : peintures et masques L’intérêt qui se développe en Occident pour l’art dogon, de la conquête de Bandiagara en 1893 jusqu’à aujourd’hui, est d’abord une ambition scientifique, qui trouve sa pleine expression dans la mission Dakar-Djibouti (1931-1933).

Cette partie explore l’approche institutionnelle des premières collectes, point de départ de la diffusion de la connaissance de l’art dogon en Occident. L’évocation de deux figures de l’imaginaire anthropologique, Louis Desplagnes et Marcel Griaule, permet de comprendre comment l’art dogon s’impose à la curiosité et au goût européen. * Peintures rupestres C’est en 1907 que Louis Desplagnes, dans son livre Le plateau central nigérien, amorce les premières études des arts et cultures du pays dogon, suite à une expédition dans la région de Bandiagara. Il met au jour un art rupestre remarquable par la vivacité et le dynamisme de son expression, et ses collectes alimentent le musée d’ethnographie du Trocadéro. Une vingtaine de peintures rupestres sont présentées dans cette sous-section. * Masques Marcel Griaule propose dans Masques dogons (1938) une typologie d’une grande précision ethnographique. Objet de recherche privilégié, le masque dogon participe à la construction de cette discipline ethnologique. 35 masques dogon exposés évoquent la classification définie dans cet ouvrage. Troisième partie : objets porteurs de sacré, objets de collection Parallèlement à la quête scientifique et au développement des missions d’enquêtes sur le terrain, la fascination pour les objets et sculptures dogon s’intensifie.

Les collectionneurs s’entourent non seulement de pièces de statutaires dogon mais aussi d’objets singuliers. Un montage de 35 minutes d’extraits du film de Jean Rouch le Dama d’Ambarra (1974) vient enrichir le début de cette séquence. Les 140 objets exposés dans cette dernière section témoignent de l’inclination des sculpteurs dogons à évoquer le mythe d’origine dans les objets du quotidien et d’éléments d’architecture tels que bijoux, objets en bronze et en fer, poulies, portes, serrures, sièges, appuie-têtes, sculptures d’animaux, autels, arches, coupes et plats.

Ces objets déclinent les mêmes thèmes « magico-religieux » que les sculptures présentées dans la première partie. A la fin du parcours des piliers de Toguna, la « case à palabres » - construction ouverte érigée au centre des villages dogon - mènent à la grande statue djennenké du musée du quai Branly, chef d’oeuvre incontournable de l’art du pays dogon.













"Dogon", Musée du quai Branly, 27-37, quai Branly, Paris 7e. Du mardi au dimanche de 11 heures à 19 heures, jusqu'à 21 heures les jeudi, vendredi et samedi. Entrée : 7 €. Jusqu'au 24 juillet. Catalogue, Edit. Quai Branly/Somogy, 39 €. Sur le Web : Quaibranly.fr.










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