Une journée sur la terre
Photo, Francisco Rivero
Où sont les sources de ma création.
En l'absence d'une tradition qui établisse un système de références valable sur son propre terrain, la création plastique cubaine du 20ème siècle s'inscrit organiquement au sein d'un mouvement culturel plus vaste, où elle trouvera des points de contact avec d'autres courants artistiques.
A partir des années 20, le renouveau se généralise aussi bien en littérature qu'en musique et dans tous les cas l'affirmation réitérée des valeurs nationales coïncide avec la recherche d'un langage contemporain. Le changement de perspective transforme la manière d'assimiler l'influence des sources européennes. Il ne s'agit plus dès lors de suivre le chemin tracé par les modèles en place, mais d'adapter les nouvelles formes d'expression à une réalité encore inexplorée. Le renouveau musical favorisera l'adoption du tambour d'origine africaine par l'orchestre symphonique. La rupture avec les canons établis en matière de perspective, de composition, de couleurs, rend possible l'éclosion d'un paysage humain et naturel plus authentique.
Une des sources qui alimente les recherches des plasticiens, des compositeurs comme Alejandro Garcia Caturla et Amadeo Roldan, des écrivains comme Guillén et Carpentier, naît de la lente révélation des valeurs de la culture populaire. Ils commenceront par renoncer à toutes les notions acquises et à recueillir directement, dans un retour au travail sur le vécu, les images, véritables archives visuelles, qu'ils accumulent sur la toile et sur le papier, et surtout dans leur mémoire,. C'est ce bagage de souvenirs qui sera présent dans la conscience des peintres lorsqu'ils commenceront à parcourir le monde à la recherche des leçons des maîtres du passé et du présent.