28 avril 1913 - 28 avril 2013
Rene Portocarrero
Cette année, le Musée National des Beaux-arts fête son centenaire. Depuis qu’il a commencé un itinéraire aléatoire en 1913 à travers plusieurs endroits dans la ville de La Havane (la plupart d´entre eux dans des conditions difficiles pour héberger les premières œuvres) jusque à ce qu’il arrive dans les deux actuels édifice proches du Parc Central – l’ancien cœur de La Havane – où il propose les œuvres de sa collection permanente (comptant l’important chiffre de plus de 45 000 pièces grâce à la générosité de nombreuses institutions religieuses, culturelles, collectionneurs privés, artistes et les institutions de l´Etat cubain) et des exposition transitoires afin de profiter de certains secteurs de l´art universel et d’un important parcours dans l’art cubain.
Pogolotti
Carlos Enrique
Le Musée, fondé le 28 avril 1913 par un Décret Présidentiel de la République de Cuba, a pour mission de collectionner les « reliques de valeur historique » - principalement celles des guerres d´indépendance - et « de contribuer à fortifier le culte à nos héros et les profonds sentiments patriotiques » afin qu’il soit « analogue à ceux existants l´étranger ». D’innombrables institutions et diverses personnalités de la société havanaise ont fait don des dizaines d´ œuvres pour contribuer à la création du très attendu Musée National. Entre 1913 et 1954, le Musée a occupé successivement trois sièges, dont aucun n’était vraiment adéquat. Son premier directeur fut l´architecte Emilio Heredia pour un temps très court (quelques mois) puis le peintre Antonio Rodríguez Morey, qui a occupé ce poste jusque ´au début des années 1960.
Sa projection initiale était polyvalente car elle a réuni des œuvres, des objets et des documents d´histoire, d’archéologie, d’ethnographie, des arts décoratifs et des arts plastiques, qui étaient concentrés dans ces sièges antécédents et le nouveau qu’a eu le Musée à partir de 1954, situé dans une des zones densément peuplée et urbanisée à la limite du centre historique de La Havane et de sa zone moderne. En 1967, le Gouvernement Révolutionnaire a décidé de créer d´autres musées dans la capitale afin d´accueillir tout étant pas les arts plastiques et ainsi réduire la charge de la nouvelle institution et comme une réussite de plus, formaliser l´un des projets plus ambitieux proposé par sa nouvelle politique : la création des salles exclusives de l’art cubain. Avec le temps celles-ci se sont consolidées sur la base d´une représentation chronologique, des moments, des écoles et des périodes en deux groupes : l´art colonial et le changement de siècle et l´art moderne et contemporain.
Les collections étrangères ont été regroupées sous les rubriques de l´Antiquité et de la peinture européenne (du XVe au XIXe siècle), d´une part ; l’art américain avec les sections des États-Unis et d’Amérique Latine et l´art asiatique (en particulier la collection des estampes Ukiyo-e) ce qui a non seulement impliqué un remodelage général du musée mais aussi physique, c´est-à-dire de construction. Vers la fin du XXe siècle, la direction de l´Etat cubain décide de lui donner un siège additionnel pour satisfaire enfin l´arrangement et l’exhibition de cette vaste et croissante collection d’œuvres. Le nouveau siège est l´élégant édifice de l’ancien Centre Asturien de La Havane, situé également dans les environs du Parc Central, où se développait une bonne partie de la vie de la Havane dans la première moitié du XXe siècle. Ainsi, les collections ont été regroupées définitivement dans ces deux édifices : un entièrement dédié à l´Art Cubain (construit en 1954) et l´autre (l´ancien Centre Asturien) dédié à l´Art Universel (c´est-à-dire provenant d´autres régions du monde).
Wifredo Lam y Castilla
Dès les années 1960, le Musée est devenu l´institution par excellence pour accueillir les grands événements des arts plastiques et d´autres expressions de la culture grâce à ses grands espaces et ses facilités matérielles. De nombreux Salons Nationaux de peinture, de dessin, de gravure, de photographie, de sculpture ont eu lieu dans les vastes salles du Musée, dans son patio central verdoyant et même sur les trottoirs entourant l’édifice, ainsi que des expositions anthologiques et rétrospectives des plus illustres artistes cubains et étrangers de tous les temps. La disposition du Musée pour exposer les œuvres des jeunes artistes cubains mérite une mention spéciale depuis les années 1970 dans des salles préparées spécialement à cet effet, réaffirmant sa volonté quant à la promotion de l´art contemporain dans notre pays et qui l’a conduit à une sorte de « double vie », car dans la pratique actuelle, cette institution combine et intègre dans son programme de développement le meilleur des beaux-arts (depuis l´Antiquité jusqu’au XIXe siècle), la modernité (XXe siècle) et le contemporain (depuis les années 1960 jusqu’à nos jours) sans contradictions dans son esprit et sa vocation de contribuer à une plus grande et plus complexe formation du public.
Il suffit de rappeler le célèbre « Salon 70 » avec toutes les expressions de visualisé à Cuba, les expositions « 1000 affiches cubaines du cinéma », « Les artistes populaires de Cuba », « Fait en Amérique Latine » (entièrement dédiée au meilleur de la photographie continentale), les célébrations des cinq premières Biennales de La Havane, dont la première édition, en 1984, a dépassé toutes les expectatives d´un public désireux d´observer dans un seul espace les complexes œuvres de l´art contemporain d´Amérique Latine et des Caraïbes, d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient afin d’avoir une idée de l´ampleur et de la projection de l´institution. Il y a eu lieu aussi des expos dédiées aux Cubains Carlos Enríquez, Mariano Rodríguez, René Portocarrero, Raúl Martínez, Sandú Darié, Rita Longa, Umberto Pena, Nelson Domínguez, Tomás Sánchez ou Rocío García, parmi d’autres, en plus de certaines dédiées à des artistes étrangers tels que Robert Rauschenberg ou René Burri, pour n’en citer que certains.
Aujourd´hui, le musée ne cesse de développer un intense travail dans de nombreuses sphères et manifestations de l´art. Ses salles spacieuses, idéales pour les œuvres de moyen et grand format, ont cédé un espace à d’autres plus petites, certaines situées dans les nouveaux niveaux accueillent les dessins, les illustrations, les photographies et les affiches de moindres dimensions afin de pouvoir montrer une plus grande quantité d’œuvres.
Sa plus grande attraction, à mon avis, est l’édifice dédié précisément à montrer plus de 300 ans d´art cubain, rénové à la fin du XXe siècle, où, en un peu plus de 3 heures, le visiteur reçoit une grande impression de cette puissante et diversifiée expression nationale. Depuis l’art de la colonie jus qu au contemporain, les salles de cet édifice favorisent l´observation des œuvres d´artistes significatifs étant nés ou ayant produit la majeure partie de leurs œuvres à Cuba, indispensable pour une meilleure compréhension de ces caractéristiques pouvant être considérées comme identitaires bien que la pluralité des voix, des discours et des langages expressifs provoque constamment de nombreuses questions et de nombreuses préoccupations chez le spectateur.
Les salles principales accueillent le plus transcendant dans nos expressions, la peinture. La sculpture est représentée au milieu des salles et autour du patio central, lequel nécessite une scène plus propice ainsi qu´un meilleur éclairage pour sa jouissance.
L´édifice éclectique dédié à l´Art Universel - construit en 1927 - a subi une série de transformations intérieures, surtout au niveau du mobilier, de l´éclairage et de la rénovation de l´espace, répondant à son nouvel usage et à ses nouvelles fonctions, respectant au maximum son passé pour accueillir les œuvres de l´art antique (Egypte, Grèce et Rome), de l’art oriental (Japon), des écoles européennes (Espagne, France, Flandre, Hollande, Italie, Allemagne, et où distingue surtout la très importante collection de portraits anglais) et de l’art, nord-américain et latino-américain.
Les deux édifices exemplaires sont sans aucun doute un motif de fierté pour la culture cubaine et pour toute notre société. Il est difficile de trouver une institution de cette nature ayant réussi à satisfaire un tel ensemble des nécessités spirituelles et des nouvelles fonctions, essentielles quant au développement de n’importe quelle communauté. Son dynamisme et sa présence au milieu des adversités, dans l’économique et le social, augmente sa valeur et son importance et, à la fois, consolide ses capacités comme centre des activités culturelles dans un contexte local réclamant et défiant constamment les aspirations de tout citoyen.
Le Musée National des Beaux-arts est probablement le plus important, depuis de nombreux points de vue, d’Amérique Latine et des Caraïbes. Ses collections contribuent à agrandir la mémoire de Cuba et sans son existence il serait beaucoup plus difficile de comprendre une grande partie de notre Histoire. Cette institution unique résulte donc un privilège pour notre société, pour notre région et pour le monde. Une institution jalouse de la conservation et de la restauration de cette extraordinaire collection visuelle. À cent ans de sa fondation, il nous correspond de célébrer cet important événement comme nôtre, comme quelque chose de chéri et de singulier.
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