Par,Teresa Valenzuela
Depuis l´an 2000, le siège de l´École Nationale de Ballet est situé sur le célèbre Paseo del Prado, dans un bâtiment datant de 1904. Les caractéristiques les plus visibles de l´immeuble de quatre niveaux sont les luxueux escaliers de marbre et les sols, les nombreuses fenêtres, la polychromie et l´harmonie entre les arrondis des colonnes, les décorations extérieures et intérieures où l’on souligne les plafonds avec divers éléments décoratifs. La menuiserie maintient son style et les sols conservent leurs dalles originales de marbre de Carrare.
Sa directrice, la professeur Ramona de Saá, Prix National de Danse 2006 et Docteur Honoris Causa en Art, irradie d´énergie et d´enthousiasme quand elle parle de l´institution ; ses yeux bleus s’illuminent en se référant à la méthodologie cubaine dans l´enseignement du ballet : « Les particularités de nos classes sont, entre autres, que dans le dosage des programmes d´études se trouve comment nous élaborons et enseignons un mouvement pour qu´il serve de préparation à d´autres, comment nous incorporons les phases d´apprentissage, les étapes et la musique afin que l’élève, quand il fait un mouvement caractéristique, soit préparé pour l´exécuter. Nous nous distinguons aussi par la répétition dans les variations, le travail d´équilibre est une de nos caractéristiques que nous apportons aux classes dès les premières années du niveau élémentaire, des mécanismes que nous utilisons et préparons, très bien planifiés dans les programmes d´études ».
L’illustre professeur mentionne aussi une autre particularité de l´École, le fait que les hommes et les femmes ne sont jamais ensemble lors de l´entraînement. À ce sujet elle précise : « Les élèves sont séparés dès qu’ils commencent le niveau élémentaire, c´est pour cette raison que la danse de la femme est si féminine, ou ressort ce joli sceau des danseuses se formant avec cette caractéristique. D’autre part, la virilité de l´homme, la façon de se déplacer, la gestualité avec les danseuses et l´élégance sont des qualités qui identifient le danseur cubain dans n’importe quelle partie du monde. Par chance, nous avons eu l´excellente image d´Alicia et le privilège d´être où elle était, de voir sa volonté pour réaliser cette carrière et c’est ce que nous essayons de transmettre aux nouvelles générations ».
Sur les apports au développement du ballet dans le pays, la professeur Ramona de Saá explique : « Il y en a beaucoup, car la première remise de diplôme des danseurs a eu lieu en 1967 et la majorité a intégré le Ballet National de Cuba, ensuite, en 1978, toute une génération est partie renforcer les files du Ballet de Camagüey ; après le Ballet de Santiago de Cuba est fondée et un petit projet apparaît dans la province d’Holguín ; nous avons de très bons danseurs provenant de notre école partout dans le monde, ayant une brillante formation et une grande rigueur ».
Ramona de Saá précise que tout ce qui précède s’unit à la formation d´un public qui jouit et comprend cet art ; le niveau élémentaire de ballet dans l´école et les ateliers professionnels ayant lieu deux fois par semaine, où sont inscrits actuellement 250 enfants de toutes les communes de La Havane, sont des sources parfaites pour cela.
Les principaux enseignements reçus d´Alicia
La directrice ajoute qu’Alicia était réellement impressionnante quant à la technique car tout ce qui était la caractéristique de l´École Cubaine de Ballet était en elle : « Ce que le Maître nous disait, comme le travail des jambes, la stabilité, les virements, la façon de se déplacer et l´interprétation, constituaient des exemples vivants que nous avions dans les classes ; parfois nous pratiquons en cercles pour voir celui qui tournait ou sautait le plus, ou celui qui battait avec le plus de dynamique, tout cela était en elle. J’ai eu un grand enseignement technique artistique ; elle était très exigeante avec tous car elle voulait nous transmettre ce qu´elle ressentait, combien elle aimait la danse, comment elle la voyait, avec la volonté et le niveau de responsabilité nécessaires, elle était sûre que si cela n´était pas ainsi on n´y arrivait pas. Indépendamment, elle nous a aussi transmis l´amour et la sensibilité humaine pour comprendre le difficile art de la danse, elle savait l´inculquer d´une telle façon que nous le voyions facile, que nous l’aimions, que nous ne nous préoccupions pas trop par la technique qui était un moyen, non pas une fin ».
Sur les Rencontres Internationales des Académies pour l´Enseignement du Ballet, qui ont lieu tous les ans depuis 1964, la Présidente du comité d’organisation de l´événement a dit qu´elles constituent des réunions méthodologiques et des festivals des écoles de ballet et de danse : « Parmi les principaux objectifs de cette réunion se trouvent l’échange et la fraternisation avec les nations qui y prennent part. On offre aussi aux visiteurs des détailles sur la façon dont l´école cubaine de ballet transforme sa méthodologie et le travail réalisé avec les élèves, dès leur plus jeune âge jusqu´à ce qu´ils sortent de l´institution culturelle étant adolescents. On souligne le travail développé à Cuba dans l´enseignement du ballet créé par Alicia et Fernando Alonso, qui ont préparé les continuateurs de cette tradition, avec la chance de les avoir encore parmi nous ».
Comme défis de l’avenir, elle mentionne la continuation de se projeter en respectant les canons de l´École Cubaine de Ballet, la formation d’excellents danseurs qui honorent sa Patrie, avec un sentiment d’appartenance et donnant le meilleur d´eux, et préparer aussi de bons enseignants qui soient les continuateurs des fondateurs. La plus grande satisfaction durant toutes ces années est de me voir reflétée dans les réalisations de mes étudiants.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire