Rorschach : l'inventeur du test de personnalité célébré
Il y a 129 ans naissait ce célèbre psychiatre suisse, inventeur du test de personnalité qui porte son nom, destiné à évaluer les caractéristiques psychologiques d'un individu d'après la manière dont il réagit à des taches d'encre. Ce 8 novembre 2013, le moteur de recherche lui rend hommage avec un Doodle.
Par, Mathilde Doiezie
Né le 8 novembre 1884 à Zurich en Suisse, Hermann Rorschach est aujourd'hui célébré par Google, avec un Doodle, 129 ans après sa naissance. Le moteur de recherche rend hommage à cet homme qui révolutionna la psychiatrie avec son test de personnalité Psychodiagnostic, plus connu aujourd'hui sous le nom de test de Rorschach. Publié en 1921, ce test est devenu, dix ans après la mort de son créateur survenue le 2 avril 1922, l'un des tests de personnalité les plus utilisés en psychiatrie et psychologie, avec le TAT (Thematic Apperception Test).
C'est son goût pour l'art et la psychiatrie qui donna l'idée à Hermann Rorschach d'utiliser des taches d'encre pour un test de personnalité. Son père était professeur d'art et il hésita ainsi longtemps à choisir cette voie professionnelle à son tour ou à se dédier à la médecine. Il choisit finalement la seconde profession et se spécialisa en psychiatrie. Mais il ne délaissa pas ses penchants artistiques pour autant. Il les mit à contribution de l'élaboration de son célèbre test projectifPsychodiagnostic, qui très vite fut connu sous son nom.
Lui-même très bon dessinateur et passionné de peinture, Rorschach imagina ce test composé de taches d'encre, qui peuvent révéler en partie la personnalité des individus qui les regardent. En fonction de la manière dont ils interprètent ces taches, les personnalités des individus se distinguent. Ce test permet notamment de reconnaître quatre tendances de personnalité, d'après la typologie du psychiatre suisse Carl Gustav Jung, sur laquelle repose cette épreuve: personnalité introvertie, personnalité extravertie, personnalité coartée (faiblesse des énergies instinctuelles et de la résonance affective, à tendance dépressive) et personnalité ambiéquale (alternance des tendances introversives et extratensives).
En 1909, Hermann Rorschach travailla également sur une thèse relative aux hallucinations. Il exerça dans plusieurs cliniques, puis fut nommé vice-président de la Société suisse de psychanalyse, en 1919. Il mourut en 1922, un an après la publication de son test, d'une crise d'appendicite foudroyante. Il ne devint donc réellement célèbre qu'à la postérité.
Test de Rorschach : mode d'emploi
Par, Mathilde Doiezie
Dis-moi ce que tu vois et je te dirais qui tu es. Cette formule pourrait résumer la fonction du célèbre test de Rorschach, test de personnalité publié en 1921, qui porte le nom de son inventeur, le psychiatre suisse Hermann Rorschach. Ce test est destiné à mieux cerner la personnalité des individus qui y sont soumis, en fonction de leur libre interprétation des taches d'encre proposées sur les dix planches imaginées par Rorschach.
Tendances de personnalité
D'abord mal reçu par la profession, le test de Rorschach, initialement nommé Psychodiagnotic, est depuis les années 1930 devenu une référence dans le domaine de la psychiatrie et de la psychanalyse. Il a été l'un des tests de personnalité les plus utilisés, avec le TAT (Thematic Apperception Test) jusqu'aux années 90-2000. Il permet d'établir un examen psychologique de type projectif et d'approfondir en particulier un diagnostic psychopathologique préalable, en sollicitant à la fois les sens du sujet, son inconscient et sa libre interprétation. L'idée d'utiliser de telles taches à des fins psychologiques n'était cependant pas nouvelle lorsque Rorschach a inventé son test. Leonard de Vinci ou Boticellimentionnaient déjà de telles épreuves dans leurs textes à la Renaissance.
L'intérêt du test de Rorschach est de définir des tendances de personnalité chez les individus qui y sont soumis. Leurs réponses sont alors comparées à celles normalement données par des individus sans pathologie connue. Quatre tendances de personnalité peuvent se dessiner à l'issue du test, d'après la typologie du psychiatre suisse Carl Gustav Jung développée à partir de 1913: personnalité introvertie, extravertie, coartée (faiblesse des énergies instinctuelles et de la résonance affective, à tendance dépressive) et ambiéquale (alternance des tendances introversives et extratensives). Le test de Rorschach permettrait également, en particulier, de déceler la schizophrénie. Hermann Rorschach a lui-même pu diagnostiquer de tels cas avec son test.
Mode d'emploi
Le test de Rorschach est composé d'une série de dix planches qui contiennent des taches d'encre dont le dessin est symétrique. La majorité des illustrations est monochromatique (noire) mais de la couleur est parfois ajoutée à leur composition. Lors de la réalisation du test, le psychiatre ou psychologue présente tour à tour les dix planches du test, à l'endroit, dans un ordre déterminé: d'abord une noire, puis deux bicolores (rouge et noire), quatre noires puis les trois polychromes. Selon les pratiques, certains des motifs peuvent correspondre à un thème particulier (la mère, le père, la sexualité) et des consignes être données.
Les réponses de l'individu détermineraient sa personnalité. Son discours et ses interprétations sont analysés par le psychiatre ou le psychologue qui le soumet au test. Celui-ci pourrait alors dégager certains traits caractéristiques du psychisme de son patient: structure pathologique (névrose, psychose, état limite), mécanismes de défense privilégiés, type de relation aux objets, thèmes récurrents…
De vives critiques ont vite été apportées au test de Rorschach, par différents courants de la psychopathologie. Dès les années 1940, certains praticiens ont reproché le manque de scientificité du test, qui n'apporte aucune mesure quantitative ou statistique, mais repose uniquement sur des critères qualitatifs. Mais au fil des décennies, ce test aura finalement eu raison de toutes les polémiques, preuve de son originalité et de son côté novateur.
Le Cahier Rorschach de Sigmar Polke
EXCLUSIF- Le Musée de Grenoble mise sur le triomphe de la peinture avec cette première exposition de Sigmar Polke (1941-2010), six mois avant la rétrospective du MoMA à New York. Pour se détendre, ce peintre-né multipliait les papillons de couleurs dédoublées dans son Cahier Rorschach. Sa main et son esprit y sont déjà.
- Par, Valérie Duponchelle
À quoi rêvent les peintres? À leur inconscient, répond de belle manière feu Sigmar Polke, peintre né dans la future Allemagne de l'Est en 1941 à Oels, en Silésie (aujourd'hui, Olenisca, en Pologne). Formé d'abord dans les règles de l'art puis à l'école de Joseph Beuys à Düsseldorf, ce joyeux libertaire, ce plaisantin du destin, est mort à 69 ans à l'Ouest, en 2010 à Cologne, riche terre rhénane chère aux artistes et aux dynasties de collectionneurs. À côté de ses tableaux les plus glorieux - à commencer par Jeux d'enfants et sa vision chatoyante, cruelle et contradictoire de la Révolution française et de l'âme humaine, trésor de 1988 offert auCentre Pompidou par la Société des amis du Musée national d'art moderne, le grand peintre allemand aimait revenir à son Cahier Rorschach. Ses papillons Rorschach sont plus beaux que ceux des simples mortels.
Harmonie céleste et heureux hasard
Au Musée de Grenoble, jusqu'au 2 février 2014, le petit tome dense est posé comme une bible au pied des immenses tableaux, voies lactées comme Quelque part tout en haut de 1983 ou lumière du soleil comme le somptueuxTriptyque de 1989 prêté par la Caixa, modeste recueil rappelé en un contrepoint cher à l'artiste. L'original de ceCahier Rorschach exposé au Musée de Grenoble a été numérisé et peut donc être feuilleté virtuellement sur un écran tactile. En tournant les pages, on voit comment ce prodigieux coloriste recherchait sans cesse l'accident de la forme et la rencontre des couleurs, une harmonie céleste où le hasard serait heureux.
Virtuose camouflé dans le chaos apparent de ses toiles qui marient le noble et le vulgaire, le classique des maîtres et les outils BD du pop art, il s'est servi du test de Rorschach comme d'un exercice mental, d'une figure imposée. Selon le directeur du Musée de Grenoble, Guy Tosatto, commissaire de cette superbe démonstration muséale, Sigmar Polke y puisait méditation visuelle et paix de l'esprit après les excès de turbulences.
Triptyques peints des deux côtés
À quelques mois de la grande rétrospective Sigmar Polke attendue au MoMA (Museum of Modern Art) de New York, le paisible Musée de Grenoble a réussi le tour de force de réunir dans son architecture douce et blanche le plus beau de ses aventureuses années 1980. Un summum chez un artiste dont la liberté et la joie de peindre éclate dans chaque toile, de la plus ironiquement ready-made en souvenir de Marcel Duchamp (Mercedes, 1994) à la plus mathématique (Carrés magiques I-VII, 1992).
Explosion des formats, comme en témoigne Triptyque, 1994, beauté lumineuse venue du Museum Frieder Burda de Baden-Baden (353 cm x 282,5 cm chacun des trois panneaux!). Exploration incessante et sans tabous des matériaux les plus extrêmes ou les plus inédits: pigments, émail, laque, oxyde d'argent, peinture thermosensible, malachite, résine, mica ferreux, mastic, indigo, lapis-lazuli, poils, etc. Tableaux opalescents peints des deux côtés de la toile pour créer formes, lueurs, fantômes, constellations. C'est tout simplement le triomphe de la peinture.
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