La couleur tient le premier rôle
En 1889, Van Gogh, qui est à Saint-Rémy-de-Provence, écrit à son frère Théo: «Il y a un champ de blé à côté. C'est de l'argent tantôt verdi, tantôt plus bleu, bronzé, blanchissant sur terrain jaune, rose, violacé ou orangeâtre jusqu'à l'ocre rouge.» Vincent restera inconnu du public de son temps, mais il aura sur les autres artistes une influence forte et durable par la vitalité de son oeuvre, où la couleur tient le premier rôle. Car à mesure que l'atmosphère fin de siècle s'estompe, le XXe siècle naissant prend conscience de son besoin de donner forme à ces élans subjectifs, cette liberté créatrice qui fut aussi le combat de Van Gogh et qui sera celui de l'expressionnisme, avec sa révolte contre le passé et son adhésion enthousiaste aux forces nouvelles.
Sur le plan de l'art, la période est d'une richesse inouïe. Une multitude de révolutions plastiques vont se succéder: le nabisme, le fauvisme, le cubisme, l'expressionnisme, le futurisme... De grandes figures créatrices surgissent: Matisse et Picasso, Léger, Braque et Chagall, Klee et Kandinsky. Des initiatives géniales annoncent de futures écoles: dada, le surréalisme, le Stijl, le Bauhaus, l'abstrait. Tout cela, jusque dans le foisonnement de ses contradictions, va s'imposer avec force. Peu d'époques auront été plus vivantes que celle-là, où tant de façons de créer et de concevoir la création auront été proposées, essayées, pratiquées et réussies, jusqu'au chef-d'oeuvre.
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