Autor: Roberto Méndez Martínez
La maison d’édition Boloña, appartenant au Bureau de l´Historien de la Ville, a récemment publié le volume Memorias y ficciones habaneras, incluant trois textes autobiographique de María de las Mercedes Santa Cruz, Comtesse de Merlin, dans lesquels se mélangent des expériences de son adolescence havanaise avec des fantaisies plus ou moins romanesques, si à la mode au XIXème siècle.
La sélection des textes et l´étude introductive ont été à la charge de Luisa Campuzano Sentí, une investigatrice reconnue de l´écriture féminine à Cuba et en Amérique Ibérique.
Les trois pièces qui composent l´œuvre sont reliées par un élément commun : la volonté de l´auteur, déjà adulte et loin de la scène de son enfance, d´évoquer les premières années de son existence. Mes douze premières années peut être lu comme un livre de souvenirs dans lequel nous transitons par l´enfance de cette riche héritière appartenant à la noblesse créole, dont ses parents l’ont laissé à la charge d´autres membres de la famille avant d’être la pupille du Couvent de Santa Clara. Son évasion pittoresque du cloître, hypothétiquement aidée par une religieuse Mère Santa Ines, sert comme pont vers le second texte, « L’histoire de Sœur Ines », raconté à la première personne, car il s´agit de la supposée transcription d´un manuscrit qui l´ancienne religieuse, agonisant en Floride, a rédigé pour le faire parvenir à María de las Mercedes.
Ici nous sommes franchement devant un roman, peut-être le premier écrit par une cubaine, car bien qu´il y ait des descriptions de La Havane qui démontrent une connaissance très particulière de la ville et de ses coutumes, par exemple la vivante description d´un combat de coqs, quelques faits et certaines atmosphères sont propres de la plus grande fantaisie, comme la fausse description des caves du Couvent de Santa Clara, que celui-ci n’a jamais eu.
« L´évasion » est une brève histoire d´un épisode de l´enfance de María de las Mercedes, qui pourrait se situer dans le cadre de « Mes douze premières années ». Il a été spécialement traduit du français pour cette édition par l’auteur du prologue et il raconte la brutale punition dont souffre sa cousine Conchita pour l´aider à s’échapper de la cellule où sa grand-mère l´avait confinée. Les tons vifs avec lesquels la scène du fouet est dépeinte attirent l’attention. La Comtesse de Merlin semble nous dire que cette société non seulement est cruelle quand elle fouette les esclaves, mais que les enfants des familles opulentes sont parfois traités avec une brutalité réprouvable.
Bien que « Mes douze premières années » ait été publié à Cuba il y a environ trois décennies, grâce à l´initiative de Nara Araújo, « L´histoire de Sœur Ines » était une véritable rareté, parce qu´elle était apparue avec le premier de ces textes à l´initiative de l´auteur Raimundo Cabrera en 1903, avec une réédition en 1922, donc il s´avérait pratiquement inaccessible au lecteur commun. L´inclusion de « L’évasion » aide à conformer un livre singulier qui fait apparaître la lumière sur une des plus singuliers écrivains de notre période coloniale.
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