La Liberté de Delacroix vandalisée à Lens
La Liberté guidant le peuple, d'Eugène Delacroix.
Par, Eric Bietry-Rivierre
INFOGRAPHIE - Une déséquilibrée a eu le temps d'écrire «AE911» au bas du chef-d'œuvre avec un marqueur noir avant d'être maîtrisée. La galerie du temps du Louvre-Lens a été fermée au public, vendredi.
Une déséquilibrée a vandalisé jeudi en fin d'après-midi le tableau d'Eugène Delacroix La Liberté guidant le peuple, le 28 juillet 1830dans la nouvelle antenne du Louvre à Lens. Elle a rapidement été maîtrisée par un agent de surveillance qui a été aidé d'un visiteur. Mais elle a pu griffonner «AE911» au feutre noir sur une trentaine de centimètres dans le bas droit de la célèbre composition. Soit juste au-dessous de la figure dont Victor Hugo s'est inspiré pour imaginer son personnage de Gavroche.
La déséquilibrée, âgée de 28 ans, a été interpellée peu avant la fermeture. Elle a rapidement été déférée à la police. Elle se trouvait vendredi matin en garde à vue. Le Louvre-Lens a porté plainte. Personne n'a voulu commenter la signification de l'inscription, en particulier un lien hypothétique avec une polémique sur les attentats du 11 septembre, tournant autour de la théorie du complot.
L'inscription AE911 renvoie sur Internet vers une pétition en ligne, dans laquelle «1.768 architectes et ingénieurs diplômés authentifiés, en plus de 16.421 citoyens concernés», «exigent du Congrès américain une enquête véritablement indépendante» sur ces attentats. «Est-ce qu'il s'agit d'une personne qui a agi sous l'emprise d'un délire quelconque ou est-ce qu'il s'agit d'une revendication quelconque?», s'est interrogé le procureur de Béthune, Philippe Peyroux.
Vendredi, la galerie du temps du Louvre-Lens a été fermée au public. Un porte-parole de l'établissement n'excluait pas une réouverture samedi de la partie accueillant le chef-d'oeuvre de Delacroix.
Le directeur du département peinture du Louvre Vincent Pomarède se rendra ce vendredi sur place et dès jeudi soir le musée avait dépêché en urgence une de ses restauratrices spécialisée afin qu'elle dresse un premier constat.
Icône nationale
«À première vue, indique-t-on à Paris, depuis la maison mère, l'inscription est superficielle. Elle devrait pouvoir être nettoyée facilement. En fonction du diagnostic, la décision sera prise de déplacer ou non l'œuvre pour sa restauration.» Celle-ci était arrivée sous caisse antichoc et climatisée à Lens le 21 novembre dernier. Il était prévu qu'elle y demeure exposée un an. Installée, sans vitre protectrice vu son grand format (260×325 cm), en point d'orgue et à l'extrémité dans la galerie du Temps, elle trône dans un espace de 150 mètres de long, cœur du bâtiment ultramoderne inauguré par le président de la République le 4 décembre dernier. Cette icône nationale qui servit, entre autres, à illustrer les billets de 100 francs, est présentée avec une sélection de 205 autres pièces - sculptures, tableaux, céramiques, objets d'art - emblématiques des collections du Louvre.Ce n'est que la troisième fois de son histoire qu'elle quitte les berges de la Seine et le rouge salon des cimaises de la salle Mollien, où elle est d'habitude visible à droite du Radeau de la Méduse de Théodore Géricault. Avant Lens, La Liberté où s'invente la figure de la Marianne républicaine a été prêtée à Tokyo en 1999 et à Strasbourg en 2004. Rentoilée, son châssis correctement renforcé, elle n'avait jamais connu de problème. Seul son cadre est fragile. Pour Lens il a été remplacé par un plus léger et plus moderne. L'original se trouve en restauration.
«Ce triste événement de jeudi ne remet pas en cause la volonté de faire partager à tous les chefs-d'œuvre du Louvre à Lens, qui a déjà accueilli 205.000 visiteurs depuis son ouverture», assure la responsable de la communication de l'institution.
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