jeudi 10 janvier 2013

Mystérieux et méconnu,Nicolas Colombel




<i>Portrait d'une femme sous les traits d'une source</i>, Nicolas Colombel.
Portrait d'une femme sous les traits d'une source, Nicolas Colombel. 
Crédits photo : Pierre Ballif/musée du Louvre / Collection Motais de Narbonne


 Par Adrien Goetz



Mystérieux et méconnu, ce peintre du XVIIe tenta d'égaler Nicolas Poussin. En vain. Le Musée de Rouen lui consacre une rétrospective.


L'audace des grands musées français cette année est inouïe. Méprisant les blockbusters, Strasbourg consacre une exposition magistrale àLoutherbourg, grand oublié du temps des Lumières, et Rouen offre une rétrospective à un artiste dont le nom ne disait plus rien, le mystérieux Nicolas Colombel (vers 1644-1717).
De Colombel on ne sait pas grand ­chose: né à Sotteville-lès-Rouen, actif à Rome où il connut un peu de gloire, mais surtout né trop tard dans un monde trop vieux, il tenta d'égaler Poussin. Or, ­Pierre Rosenberg le dit tout net dans sa préface au catalogue: «N'est pas Poussin qui veut.» Colombel, dont on ignore la formation, peint trop bien - pour les visages et les mains, il est même meilleur que son insurpassable modèle - mais il pense trop peu.
Ses compositions artificielles ne sont pas convaincantes - si on le compare à son cher Poussin, ce qui est son drame. En revanche, si l'on joue le jeu d'aborder ses scènes mythologiques en oubliant la chronologie, il n'est pas interdit de penser à David, à Ingres, ou à des peintres puristes du XXe siècle. Le suiveur devient précurseur, phénomène troublant.

          Vallotton, révélation de l'exposition

À Rouen, il y a un VallottonBain de soleil après la plage, de 1923, qui a de faux airs de Colombel. Sa froideur et son étrangeté deviennent du coup très séduisantes. C'est ainsi qu'il est sorti de l'ombre, quand un de ses tableaux,Atalante et Hippomène, s'est arraché aux enchères 667.575 euros à Londres chez Sotheby's, en 2006. Le tableau, revendu deux ans plus tard par la galerie Otto Naumann de New York, fait aujourd'hui partie de la collection du prince de Liechtenstein.
C'est une des révélations de l'expo­sition. Karen Chastagnol, jeune chercheuse brillante, vient d'achever le catalogue de ce nouveau maître, sur lequel nul n'aurait misé il y a dix ans. Exemple incroyable de résurrection artistique. Le Musée de Rouen, qui a en Sylvain Amic un jeune directeur plein d'énergie, est en fête jusqu'au 26 mai: sept petites expositions, mises en scène par Christian Lacroix, ponctuent le parcours des ­collections permanentes et montrent Delacroix en Normandie ou Zao Wou-Ki rendant hommage à Monet. Sept flashs qui aident à mieux voir. On en redemande.











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