Polémique à la 55e Biennale de Venise
Le lion d'or au pavillon de l'Angola a stupéfié les festivaliers les plus aguerris.
- Par Valérie Duponchelle
Où est l'Angola? La question a fusé, samedi midi, immédiatement après l'annonce du palmarès de cette 55e Biennale de Venise. Elle concernait deux champs géographiques. Où se situait ce pays de l'Afrique de l'Ouest, entre Namibie, Zambie et République Démocratique du Congo? Et surtout, où, dans cette 55e Biennale hyperdense, pouvait bien se nicher le pavillon de l'Angola, lauréat imprévisible du lion d'or pour la meilleure participation nationale.
«Grosse fatigue», dirait Camille Henrot, 34 ans, la Française qui a décroché le lion d'argent du jeune artiste prometteur pour sa vidéo formidable qui raconte l'histoire de l'univers en treize minutes et en un dédale de pop-up colorés. Moment de déroute palpable dans l'assemblée plongée dans un océan de perplexité. Cette annonce à forte teneur politiquement correcte disqualifiait ipso facto Anri Sala, le favori du buzz pour son splendide filmRavel/Unravel qui a fait courir tout Venise dans les Giardini jusqu'au pavillon français.
Rattrapage
Une heure après ce coup de théâtre, un gros bouchon de festivaliers nerveux signalait dans la ville l'emplacement de ce pavillon manquant que bien peu avaient même remarqué. Dans cette session de rattrapage in extremis, des pros irréprochables comme Suzanne Pagé, directrice artistique de la Fondation Louis Vuitton, le galeriste Daniel Templon, Sam Bardaouil et Till Fellrath les commissaires du pavillon libanais et ardents porte-parole de l'artiste Akram Zaatari.
Rendez-vous donc au Palazzo Cini, Dorsoduro 864, à mi-chemin entre la Pointe de la Douane de François Pinault et la Collection Peggy Guggenheim. Le palazzo merveilleux, tout de mosaïque d'or sur le Grand Canal, est étroit comme un profil. Ses planchers historiques ne peuvent supporter que 30 personnes à la fois. Il a donc fallu attendre longtemps pour pénétrer dans LA révélation de la 55e Biennale de Venise.
Après pareil pèlerinage, les espérances étaient grandes. Aux murs, des merveilles, le Portrait de deux amis de Pontormo (1522), une Vierge à l'Enfant de Piero della Francesca, une étude duPrintemps par Botticelli et son atelier. Au sol, les photos «Luanda Encyclopedic City» d'Edson Chagas, disposées en piles prêtes à l'emploi pour faire son portfolio personnel. Un lion d'or? Arte très povera, plutôt.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire