vendredi 14 juin 2013

Bâle a besoin de Venise ?









Les figures de la Biennale Lagune et les stars du marché ont assuré le succès d'Art Basel.

Les deux événements vont de pair. Bâle a besoin de Venise et Venise a besoin de Bâle. La démonstration est là, sous nos yeux, dix jours seulement après l'inauguration de la manifestation dans la cité des Doges qui clôt un marathon épuisant, après Art Basel Hongkong et la Frieze de New York où les ventes d'art contemporain ont battu tous les records. Les stars du marché vues sur la Lagune ont assuré le succès médiatique et financier d'Art Basel 2013. L'art d'un côté, l'argent de l'autre? Impossible, tant l'engagement et l'investissement des artistes et de leurs galeries est lourd, notamment dans le coût de production des pièces.

Le nouveau hall d'art Unlimited, qui comprend 79 installations sélectionnées par le commissaire Gianni Jetzer, directeur du Swiss Institute de New York, montre à quel point les collectionneurs sont avides de voir des pièces monumentales, même si elles sont parfois difficiles à vendre. C'est pourtant un collectionneur du Nord qui a acquis pour plus de 300 000 euros l'énorme pièce en Plexiglas à effet de miroir, The Orbit (2012), de David Altmejd, jeune artiste de Montréal travaillant à New York que défend le Bruxellois Xavier Hufkens.

Est-ce l'effet Venise avec ses énormes installations campées dans l'Arsenal et les Giardini? Dans son «palais encyclopédique», le commissaire Massimiliano Gioni a plutôt plongé le spectateur dans l'intime et le mental.

Ce jeune directeur associé du New Museum de New York a contrecarré ses prédécesseurs qui avaient donné dans le spectaculaire avec les noms adulés du marché de l'art. Mais la réalité a prouvé le contraire, puisque nombre d'œuvres sont en passe de se vendre dans les pavillons, à commencer par celui de l'Angola étonnamment récompensé par le lion d'or. Dans les allées de Bâle circulait le bruit que le «curator» de la fondation de l'Allemand Jochen Zeit, 53 ans, ex-directeur du pôle sport et lifestyle de PPR, avait acheté la série de photographiesFound Not Taken du jeune Brésilien Edson Chagas.

Le passage par Venise est un gage d'Olympe. Après sa dernière performance sur 5 000 m2 au Palazzo Grassi, tapissé du sol au plafond de tapis persans, l'Italien de New York Rudolf Stingel n'a pas démenti son succès à Art Basel. Il est au top du marché. Toutes ses œuvres ayant franchi la barre du million de dollars s'étaient déjà envolées chez Massimo De Carlo, chez Sadie Coles (un grand autoportrait très similaire à celui de Venise) et chez Larry Gagosian, avant même le démarrage du vernissage qui a réuni les «ultra-VIP» dès 11 h le mardi et, même avant, pour une coupe de champagne matinale sur la pelouse centrale.

             Foires parallèles


Ceux qui n'ont pu avoir les pièces maîtresses des pavillons à Venise - des transactions sur lesquelles les galeristes préfèrent rester discrets -, ont dû compter sur de plus petits formats à Bâle. La Parisienne Chantal Crousel a fait un heureux avec son fragment en cuivre, We the People (2012 -2013), une version des panneaux originaux de la statue de la Liberté par Danh Vo. Deux cents kilos de cuivre pour 65 000 euros.

Âgé de 38 ans, l'artiste vietnamien a, conjointement, un grand espace à l'Arsenal et une rétrospective au Palais de Tokyo.

Le galeriste parisien Kamel Mennour a eu raison de mettre à l'entrée de son stand, deux sculptures en bronze, plâtre et bois, créées entre 2011 et 2012 par Camille Henrot, lauréate d'un lion d'argent à Venise, avec sa vidéo sur l'histoire du monde et l'évolution des espèces racontées en 13 minutes. Proposée à 18 000 euros pièce, la paire a été acquise par un jeune Parisien qui ne connaissait pourtant pas l'artiste, sur les conseils de Laurence Dreyfus. Un souffle de Venise règne également sur le stand de Victoria Miro, de Londres, où une pièce en béton de Sarah Sze, s'est vendue pour 32 000 dollars. L'œuvre rappelle les sculptures du pavillon américain. Il en est de même chez Zeno X d'Anvers où une sculpture figurative du Néerlandais Mark Manders s'est vendue pour 140 000 euros.

Il y avait tant à voir et à prendre dans cette 44e édition d'Art Basel que les collectionneurs venus du monde entier, à l'exception de la Chine, très discrète cette année comme à la Tefaf de Maastricht, n'ont guère eu le temps de faire les foires parallèles. «C'est comme si cette foire absorbait tout, commentait Martin Bethenod, directeur du Palazzo Grassi et globe-trotteur infatigable, à l'image de l'énorme cône renversé d'Herzog et de Meuron, les architectes bâlois qui ont remodelé le plan d'ensemble.» De quoi avoir le vertige…

Art Basel, jusqu'au 16 juin. www.artbasel.com
















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