PARIS, MARSEILLE 1938-1941
À son arrivée à Paris, Lam est frappé par l’influence de la statuaire africaine sur l’art européen, revendiquée par les avant-gardes qu’il côtoie. Ses visages se dépouillent pour devenir des masques géométrisés. Il tire cette violence expressionniste du drame intérieur qui l’habite depuis son récent exil et le décès de sa famille. L’apport de l’art roman, de l’Égypte antique et des Cyclades s’y conjugue à l’impact du cubisme tardif et de la connaissance des arts de l’Afrique, découverts au musée de l’Homme et dans l’atelier de Picasso, qui deviendra très vite son ami et soutien. En 1940, face à l’entrée des troupes allemandes à Paris, il est à nouveau contraint à l’exode et rejoint Marseille, où il retrouve André Breton et les surréalistes. Lam réagit alors à l’inquiétude ambiante en participant à la réalisation d’œuvres collectives – cadavres exquis et autres pratiques automatiques. Il remplit de dessins à l’encre de petits carnets, peuplés de figures hybrides où l’érotisme et le monstrueux révèlent la libération psychique et formelle à laquelle il aspire.
PARIS, CARACAS, LA HAVANE, ALBISSOLA, ZURICH 1952-1961
Durant cette période, de très nombreux voyages éloignent souvent Wifredo Lam de son l’atelier. Les formes sont simplifiées et les œuvres se construisent sur des rythmes internes. En 1952, il met fin au séjour cubain et s’installe de nouveau à Paris. Les expositions internationales se multiplient, notamment aux côtés des artistes CoBrA que lui a présentés son ami Asger Jorn. La spontanéité, la dimension collective ainsi que l’intérêt du groupe pour l’art populaire l’amènent à se confronter à de nouveaux matériaux, comme la terre cuite, et à expérimenter des formes nouvelles. Pour la série des Brousses de 1958, il fait sien le dynamisme de l’abstraction gestuelle américaine, rappel épuré des compositions à la végétation foisonnante des années 1940. Ses dessins à la fois incisifs et oniriques illustrent de nombreux textes d’amis poètes et écrivains, tels René Char et Gherasim Luca.
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