Star de la planète musique, il est l'argument et le seul intérêt de l'exposition montée à la galerie Perrotin comme une grosse production hollywoodienne. À prendre comme un clip en 48 temps.
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé, assurait Alphonse de Lamartine. Assez loin du romantisme, il y a la communication, le marketing, le business. C'est cette belle trilogie qui est à l'œuvre dans ce «G I R L», exposition officiellement attribuée au commissariat de Pharrell Williams à la Galerie Perrotin. Comme dans Singing in the Rain, le film culte de Stanley Donen en 1952, tout ce que l'on voit à l'écran n'est pas toujours le fait des jeunes premiers, si photogéniques et séduisants soient-ils. Cette exposition réunissant 48 œuvres, souvent bien connues des fidèles de la Galerie Perrotin en particulier et du marché de l'art en général, a ce charme hybride et pro des grosses machines de guerre.
Formidable coup médiatique, la venue «in the flesh» de la star de la planète musique, à Paris, pour inaugurer de sa virtuelle personne la Salle de Bal, nouvel espace de la galerie Perrotin dans ce Marais si bourgeoisement arty. Comme de juste! Car l'œuvre d'art, c'est lui, ce lutin au profil égyptien, ce vieux pro de la musique au charme adolescent, ce «wonderboy» qui brille de tous les feux du succès, de Get Lucky, le standard de l'année 2013 desDaft Punk, à Happy , refrain dansant génialement mis en clip de 24 heures par les vidéastes parisiens de We Are From LA. Sa venue, orchestrée comme une montée des marches à Cannes, avec ce qu'il faut d'attente, de bousculade, de déclarations inoffensives et de sourires ravageurs, a créé l'événement, lundi 26 mai. Emeutes et ravissement, de la conférence de presse du matin au «concert surprise» du soir dans la cour de l'Hôtel particulier, transformée en petite scène californienne in situ.
Du chant à l'art
Y a-t-il un Olympe où les dieux passent sans faiblir d'un domaine à l'autre, du chant à l'art, de la performance devant les caméras au monde plus introverti de la création plastique, intuitive, référencée et au final sévère? La question s'était déjà posée l'an dernier avec l'exposition de BHLsur art et philosophie à la Fondation Maeght. Le principe du non-initié, intéressant, promet fraîcheur et enthousiasme, soit un renouvellement du genre. La réalisation est plus risquée. Et l'accrochage des idées audacieuses de BHL avait créé des télescopages d'artistes redoutables pour l'œil. Et un record de visiteurs à la Fondation Maeght.
Avec Pharrell Williams, le ton «100 % glam» est donné. Personne n'a oublié son monstre aux crocs multicolores et au portable endiamanté, concocté avec Murakami il y a quelques siècles. Logiquement, cette alliance qui va au-delà du kitsch est ce qui marche mieux dans cette exposition au pouvoir de fascination de la Memorabilia. Pharrell qui étreint sa femme Helen sur fond de pâquerettes Murakami, pourquoi pas? Pharrell qui orne le canapé de Rob Pruitt comme un roitelet africain sur un tissu hollandais, pourquoi pas? Pharrell qui se statufie et scintille, grâce à Daniel Arsham, pourquoi pas? Le culte de la personnalité a donné bien des bustes de Jules César et autres Marc Antoine.
Ce sont plutôt les autres artistes qui font figuration. Même si les perles vertes d'Othoniel ont gardé leur impact de merveilleux. Au final, qu'importe. Le débat est ailleurs.
«G I R L», Galerie Perrotin, 60, rue de Turenne (IIIe). Tél.: 01 42 16 79 79. Horaires: du mar. au sam., de 11 h à 19 h. Jusqu'au 25 juin.
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