" Le français est une chance "
Le boulanger et le financier
Mon boulanger chantait du matin jusqu’au soir
C’était merveille de l’entendre et de le voir,
Son voisin au contraire, était tout cousu d’or,
Chantait peu, dormait moins encor
C’était un homme de finance
Qui chaque jour entrait en transe
Maudissant les ministres comme la Providence
Qui lui volaient son or et l’accablaient d’ impôts.
Chez lui point de chanson mais une calculette.
Plutôt que de chanter, sans cesse il programmait.
Jamais il n’avait soupçonné que la vie put être autrement …
Le pauvre financier pleurait devant ses pertes
A la bourse, à la banque, il perdait tous ses gains.
Un jour il fit venir en sa riche demeure
Son boulanger rieur et chanteur de surcroit.
" Or ça, mon cher ami, que gagnez-vous par an ? "
lui demanda brutalement le financier rageur.
" Par an ? Ma foi monsieur, s’étonna, naturel, le boulanger surpris,
Ce n’est point ma manière de compter de la sorte.
Je travaille et je vis, il suffit qu’à la fin
J’attrape le bout de l’année.
Chaque jour amène son pain ! "
Le financier troublé s’en alla à la banque
S’arrêta en chemin,
- Ses malheurs aggravaient ses penchants pour le vin
Et revint en sa demeure donner au boulanger
Naïf et très heureux quelques pièces en or
Qu’il lui confia, mutant son caractère
De grippe-sous en dépensier.
" Prenez ces cents écus : gardez-les avec soin
Pour vous en servir au besoin. "
L’histoire à cet endroit pourrait parvenir à sa fin
Si l’homme du pétrin n’avait trouvé bientôt
Bien trop lourd le fardeau.
Il avait en effet avec tous les écus enterré son bonheur,
son sommeil et la joie de chacun de ses jours.
Plus de chants, il perdit sa voix
Du moment qu’il gagna ce qui cause nos peines.
Il eut pour hôte les soucis, les soupçons, les alarmes vaines ;
Ses transports de gaieté et de joie d’autrefois
Etaient mués en peine.
Plus de songes, plus de rêves, plus d’utopies, plus de fiction
Il perdait peu à peu la raison.
Alors transi d’effroi par un soir de tristesse
Il recouvra son âme et reprit les écus.
En courant il alla chez l’homme de finance
Et lui rendit son or.
" Reprenez, lui dit-il, ce qui fait la richesse
Je ne veux quant à moi que mes nobles chansons ! "
La Fontaine ressuscité
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