En pleine tempête, quels furent ceux qui la trouvèrent ? Ils étaient trois. Où allaient-ils, avec leur barque ? Que cherchaient-ils ? Le sel, le sel de la vie, le sel de l'espérance, le sel qui donne leur sens aux choses. Que trouvèrent-ils ? Une blanche colombe, une fillette endormie ? Où l'emmenèrent-ils ? A la ferme de Barajagua. Où allèrent-ils ? Au camp des esclaves du Roi, dans les mines de El Cobre (Le Cuivre), près de Santiago de Cuba. Et c'est là que la jeune mulâtre est devenue réalité de notre peuple métis. Le fait que ce soit trois hommes nommés Jean qui l'aient trouvée, un blanc, un noir, et un espagnol, ou deux petits indiens déjà imprégnés de l'autre culture, qui parlaient déjà la langue, indique que la Vierge est Cuba, que la barque est Cuba, que nous vivons au coeur du cyclone, et que dans la barque naviguent les trois sangs, sans lesquels nous ne pouvons, en aucune façon, expliquer cette histoire.Nous l'expliquons en espagnol, mais nous ne pouvons l'expliquer sans l'Afrique, nous ne pouvons pas l'expliquer sans ce monde merveilleux qui s'épanouit en nous et que seule peut exprimer la poési. [...]
Eusebio Leal S.
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